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écriture - Page 5

  • Résurgence (PART III)

      Insensiblement, tout autour de moi, le monde se transforme, s'enrobe d'une tonalité indéfinissable. Le cri des mouettes prend un timbre plus grave, le fracas de la mer s’alanguit. Le temps se distend infiniment, entonne une résonance inconnue. Le battement de mon cœur ralentit, ma respiration devient atonique. Mon esprit élastique s’étire sans fin. Étrange sensation qu’une part de mon être se fige, tandis que l’autre s’éloigne. Les repères s’estompent, mon univers se referme sur lui-même, se rétracte, s’étouffe.
      Le ronflement lointain de la vie n'articule plus aucun son, le vacarme de la ville mute aphone. Les secondes s’égrènent lentement, comme la roue arrière d’un vélo abandonné dans le bas fossé qui, acculée à poursuivre quelque moment sa course éperdue, tourne de moins en moins vite, rayon après rayon, seconde après seconde. Cling cling cling! L’inaltérable cling! course du temps cling! qui finit par s’immobiliser cling! un bref instant. cling! Le froid. Tout se fige. Un monde de silence m’entoure. Clang! L’angoissante pression du temps en suspens. Clang! Avant de repartir clang! lentement clang! en sens inverse clang clang clang!
       Mon métabolisme se remet en route, mes sens cahotent, mes fonctions vitales hoquettent. L'indéfinissable brouhaha alentour resurgit progressivement. Tout semble identique, mais plus rien ne l’est : le bourdonnement de l'existence, le bruissement ambiant, le chuintement du vent de l'océan, le clapotement des vagues, le cadencement de la temporalité… Une sensation de déjà vue ou plutôt de déjà vécu s’insinue en moi…
      En contrebas, dans un chaos de  rochers modelés par les embruns, allongée sur une étroite plage de granit, une jeune femme légèrement vêtue, profite du soleil et scrute la capricieuse étendue d’eau. Les jumelles m’ont déserté, pas même ne reposent-elles sur le muret.
      Subitement j’entends : « Tu me diras si elle a la marque du maillot ? Et quel âge elle a ! » A mes abords est réapparue la femme, le marmot, le landau et le mari muni des jumelles. Instantanément, résonne en moi l’énigmatique phrase relevée sur les lèvres : « Viens, rejoins-moi, il n’est pas trop tard, dépêche-toi, cours ». Et là, en un quart de seconde, je réalise !   Je comprends que le temps est en train de m’échapper, qu'inexplicablement sa course s’inverse et que mon seul salut réside dans cette fuite en avant, vers cette mystérieuse femme sur les rochers. 
      D’un bond, j’enjambe le muret et cours éperdument dans sa direction. Courir-mourir ! Mon cheminement sur les rochers est malaisé, plusieurs fois je manque de me briser les os. Mais je n’ai pas d’autre alternative. Instinctivement, comme un animal en danger, je pressens que le temps presse, qu’au plus vite il me faut rejoindre cette femme qui manifestement me dépêtrera de cette situation inique. Courir-mourir ! Je saute de rocher en rocher et, à chaque faîte, je jette un regard anxieux pour m’assurer qu’elle ne s’est pas soustraite.
     
    (A suivre...)
    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Résurgence (PART II)

      Je sens le sol se dérober sous mes pieds, mon esprit vacille. Mes mains saisissent opportunément la rampe du muret bordant la promenade, ma tête culbute entre mes bras tendus. Le front plaqué contre le métal froid, je ferme les yeux et reste seul, entre ma solitude et cette femme au loin. Il y a tant de temps qu’Hélène a disparu du monde mais pas de ma pensée...
      A ce point avancé de non retour, dans un ultime acte de courage, je relève promptement la tête pour ne pas m’enfoncer davantage. Obstinément, le bras de la femme persiste à décrire des oscillations. Ce ne peut être un geste d’adieu, suis-je sot, mais de reconnaissance! Ce n’est pas Hélène mais une femme qui, prenant un bain de soleil en plein mois de novembre, aperçoit une connaissance et la salue ! Je tente de me satisfaire de cette assertion quand soudain une question taraude mon esprit à compartiments. Mais qui a-t-elle aperçue ?
      Je lance un regard alentour, piqué par la curiosité. Personne  dans mon proche voisinage, plus trace de la mère de famille et de son turbulent bambin, du landau empli de cris, du mari aux jumelles… Les jumelles !!! Là, posées sur le muret ! Je me tourne à nouveau, prêt à héler son propriétaire. La corniche s’est soudainement dépeuplée, sans âme qui vive à des lieues à la ronde. Le bruit des moteurs des voitures circulant sur la  route s’est tu. Seul résonne le silence, profond, pénétrant, tailladé par le cri suraigu des mouettes, sonné par l’assourdissant grondement des vagues qui se fracassent contre les rochers.
      Telle la fureteuse caméra d’un cinéaste halluciné, je parcours langoureusement les méandres de son corps. Ma prunelle s’émeut de la fragilité de ses chevilles effilées; un frisson me traverse le dos à l’ascension de ses jambes élancées où ruissellent encore les gouttes d'eau d'une récente baignade; échoué sur ses genoux, mon cœur palpite à l’amorce de la vertigineuse plongée des cuisses vers la simple étoffe de bain posée là. Une émotion palpable m’envahit. L’image se brouille,  frémit. Ma gorge s’assèche sur le faux plat d’un ventre dénudé livré à tous les vents; mon optique s’embue au survol des raidillons de la poitrine qui pointent sous son tee-shirt imbibé.
      De longs doigts de pianiste appliqués en écran contre les yeux masquent partiellement son visage encadré par une ample chevelure rousse dansant au vent. Elle m’observe également.   Mon cœur bat la chamade. Je relâche les jumelles, suffoquant. Je m’éponge le front, soupire pour me détendre et reprends mon exploration.
      D’un signe de la main, elle m’invite à la rejoindre. Sur son visage, je discerne un imperceptible mouvement de lèvres. J’ajuste la focale des jumelles pour cadrer au plus près. Quelques mots s'envolent de sa bouche. J’essaie de les attraper au vol et de percer leur cryptage. « Viens … moi … trop tard … toi ». Ce n’est pas aisé. J’achoppe sur le sens de certaines expressions. Je tourne avec minutie la molette pour affiner la netteté. Je retiens mon souffle pour ne pas trembloter, me concentre et reprends la lecture… Ca y est, je tiens la phrase !
     « Viens, rejoins-moi, il n’est pas trop tard, dépêche-toi, cours !»
     
    (A suivre...)
    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Résurgence (PART I)

    - « Tu me diras si elle a la marque du maillot ? Et quel âge elle a ! »
    - « Pourquoi tu dis ça, maman ? » s’étonna le gamin agrippé au bras de sa mère.
    - « Mais regarde-donc ton père avec ses jumelles ! Il est en train de lorgner une pin-up à moitié dévêtue sur les rochers. Mais regarde le donc ! Pff … »
    - « Je scrute les bateaux à l'horizon, chérie, juste les bateaux ! »

      Nous sommes sur la côte bretonne par une de ces belles journées ensoleillées comme en offre parfois le mois de novembre. Quand je dis « nous », c’est une façon d’esquiver le fait que je sois seul à déambuler le long de la corniche, moi et mes ombres pas toujours fidèles. Cela fait très longtemps qu’Hélène a disparu, emportée par les flots, par une journée semblable à celle-ci, par un temps radieux et une mer de même liesse.
      Le soleil tape de manière inhabituelle pour un automne déjà bien engagé et je commence à regretter de porter un manteau aussi épais. Pas un nuage à l’horizon, le ciel bleu azur lavé de toute pollution,  l’océan à perte de vue, fidèle compagnon des bons et mauvais moments de la vie. Aujourd’hui, il s’exhibe sous son meilleur visage, consensuel, peut-être même légèrement racoleur et convie à une baignade aux senteurs estivales.
      Je contourne une petite femme replète qui, dans une gestuelle excessive, aboie à tout vent contre son mari. Plantée au beau milieu du trottoir, elle ne semble pas décidée à déplacer le landau négligemment parqué qui obstrue le passage. De celui-ci s’échappent les cris stridents d’un bébé en mal de lait. Son frère, un horripilant gamin, tournoie bruyamment autour d’eux. Un peu plus loin, en appui sur le muret, l’homme invectivé, jumelles vissées aux yeux, observe les voiles au large…
      En passant près de lui,  je ne peux m’empêcher de lancer un regard d’une portée moindre. En contrebas, dans un chaos de  rochers modelés par les embruns, allongée sur une étroite plage de granit, une jeune femme légèrement vêtue, profite du soleil et scrute la capricieuse étendue d’eau. Comme l’homme qui, quelques instants, a délaissé sa compagne, je suis frappé par la vision étourdissante de cette femme à la crinière rousse.
      De loin, elle m’apparaît extraordinairement belle. Sa silhouette irréelle se découpe sur le tableau intensément marine de l’océan. Son corps, probablement sculpté par un artiste fou-amoureux, tend vers l’horizon. Elle repose sur ses avant-bras dans une posture irrésistiblement désirable. J’ai quelque peine à détacher mon regard. D’ailleurs je n’y parviens pas ou plus exactement je n’en ai pas le temps. Épiée, elle se tourne vers la civilisation, fixe son regard dans notre direction, puis lève son bras et se met à lentement l’agiter comme pour faire un signe.
      Le mouvement de balancier de son bras semble cadencer le temps, le dater d’une estampe empreint de passéisme. Je ne comprends pas cette douleur qui sournoisement pénètre mon corps. Quelque chose me fait mal, subrepticement incruste mes tissus. Au plus profond de mon être, je le ressens, mais je ne parviens pas à identifier l'origine. Est-ce le mouvement de balancier du bras de cette femme, que mon cerveau interprète comme un geste d’adieu ? Est-ce le fantôme d’Hélène qui revient hanter mon esprit et me met mal à l’aise ?
      Je sens le sol se dérober sous mes pieds, mon esprit vacille…

    (A suivre...)

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • La bête immonde (part II)

      Ginger ne put étouffer sa détresse à la vue d'un tel spectacle et s’effondra en pleurs. Alors la bête, un genou à terre, la regarda d’un air hébété, ne semblant pas comprendre la situation. Il se rapprocha d’elle à pas feutrés, s’accroupit face à elle et l’observa avec incrédulité. Il caressa délicatement ses cheveux, puis la prit par les épaules.
    - Lâche-moi ! hurla-t-elle tout en continuant à sangloter.
    - Je ne comprends pas ce qu’il se passe, répondit-il perplexe.
    - Tu as failli nous tuer, voilà ce qu’il se passe, tu as failli nous tuer !
    - je ne voulais pas, je ne me souviens de rien, je ne voulais pas vous faire de mal !
      Ginger ne répondit pas. Les yeux humides, hoquetant encore, à la fois de terreur et de soulagement, elle était vidée. Devant le mutisme persistant de sa femme, l’homme se releva et s’assit quelques mètres plus loin, à l’autre extrémité du couloir, adossé contre le mur, les jambes repliées, la tête basse, le menton collé à ses genoux.
      De longues minutes passèrent…
      Le bruit d’un verrou se fit entendre, une tête apparut dans l’embrasure de la porte.
    - Viens Marco, viens c’est fini, tu ne risques plus rien, lui susurra-t-elle d’une voix cassée.
    Rassemblant le peu de force lui restant, elle se redressa et alla à sa rencontre.
    - Ton père est très malade…
    Puis elle se dirigea vers l’étranger qui se tenait toujours assis.
    - Viens tu seras mieux dans le canapé pour te reposer.
      Ils se dirigèrent vers le salon et elle l’installa confortablement. Elle-même se posa sur le large accoudoir. Un long moment d’isolement s’écoula lentement, goutte à goutte…
    - Ca ne peut plus durer ! finit-elle par lancer.
    - Je m’excuse, je ne voulais pas, je ne me souviens de rien.
    - Tu dois te faire soigner.
      La conversation s’engagea : retrouver une vie de famille, recommencer une discussion mille fois entamée, réemployer les mêmes mots, développer les mêmes argumentations, arriver aux mêmes constats, envisager les mêmes solutions, tenir les mêmes promesses… Recommencer à y croire, faire avec, se réaccorder, vivre avec, renouer les fils de la vie conjugale, deux adultes, un enfant, trois vies, comme si de rien n’était, pour ne pas mourir, pour donner encore un sens à une vie salement amochée … pour en arriver à la phrase de trop. La phrase terrible qui, immédiatement, annihile tout, réduit à néant, replonge dans les profondeurs insondables du mal être.

    - Tu me fais chier !!! Et d’un revers de main, il envoya beigner sa femme qui, surprise par la puissance de la gifle, déséquilibrée, tomba au sol, l’œil tuméfié, la joue  ensanglantée, marquée à vie par l’alliance de celui qui fut son mari, un jour heureux et ensoleillé de juin…

    (Fin...) 

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • La bête immonde (Part I)

      Quand Ginger Hole rentra chez elle, peu après 19 heures, elle découvrit son époux stoïquement en train de peler  des carottes au dessus de l’évier de la cuisine. A la vue de cette scène peu coutumière, l’ombre d’un doute traversa son esprit. Afin de ne montrer une quelconque surprise, elle se recomposa, d'un clin d’œil, un air enjoué et lui lança un « bonjour » qui n’obtint aucune réponse. Elle n’en fit cas et entama une conversation qui se voulait réjouie mais qui, au fil des phrases, évolua en un long et pesant monologue. Nulle réponse à ses questions, pas le moindre mot ne s’échappait de la bouche de son conjoint qui, telle une machine programmée à une fonction unique, continuait à éplucher avec application les carottes.
      Soudain, le mécanisme stoppa. Il reposa l’économe et, du revers de la main, fit basculer le tas d’épluchures dans la poubelle qu’il avait ramené du pied vers lui, puis il se tourna enfin vers elle. C’est alors qu’elle aperçut ses yeux vitreux des mauvais jours. Il s’approcha d’elle, lui prit la main et lui dit simplement : « viens !».
      Ils parcoururent tous deux le couloir qui, de la cuisine en passant par l’entrée, menait à leur chambre. Avec appréhension, elle se laissait conduire au rythme saccadé de la démarche robotique de son époux. Elle avait du mal à réprimer la petite boule d’angoisse qui se formait dans le creux de son estomac. Il la fit asseoir en bout de lit et vint se mettre à ses côtés, contre son épaule. Le regard vide de sens, fixant l’hypothétique horizon du mur, il demeura silencieux.
     Ginger sentit la boule remonter sournoisement du ventre vers sa gorge. Elle était persuadée qu’une catastrophe venait de se produire et que son mari ne parvenait pas à lui dire. Sa tête se mit à tourner, elle se vit défaillir, tant l’inquiétude la tenaillait, l’angoisse l’étouffait. Elle se reprit et, balayant toutes supputations, le questionna avec plus de véhémence :
    - Mais enfin, tu vas me dire ce qu’il se passe ?
     Au lieu de répondre, il s’écarta d’elle. Ginger fut surprise mais continua à l’interroger. L’abattement avait disparu, maintenant elle voulait savoir. Mais chacune de ses questions l’éloignait un peu plus, si bien que rapidement il se retrouva à l’opposé d’elle, à l’autre extrémité du lit.
      Incrédule, Ginger regardait le corps de son mari se blottir contre le mur, ses mains agripper l’oreiller pour masquer son visage. Puis, il se mit en boule, roula du lit jusqu’à la chaise de la coiffeuse et trouva refuge derrière elle, tel un enfant terrorisé qui cherche à se cacher. Son corps tremblait de tous ses membres, sa respiration se faisait haletante, son regard exprimait la terreur.
    C’est à ce moment que son fils apparut sur le seuil de la porte.
    - Vite Marco, ton père est en train de péter un câble, il faut appeler le docteur ! Lança-t-elle.
      C’est alors que, telle une bête furieuse jaillissant de son antre, il s’extirpa de sa cachette. Ginger eu juste le temps de franchir la porte. Le visage démoniaque, les muscles du faciès durcis, comme statufié, les poings en l'air menaçant à tout moment de la frapper, il la rejoignit. Les grognements de son mari transformé en bête immonde ajoutaient à sa peur qui faisait de plus en plus part à la panique. Avec l'énergie du désespoir, elle tenta de faire écran afin de protéger son fils, de le sauver de la fureur.
      Une explosion soudaine de jurons et de mouvements désordonnés déferla sur elle. Elle valdingua contre le mur du couloir et prise dans la tempête, se retrouva bientôt à terre. Elle vit  l’énorme masse l’enjamber, se précipiter dans le couloir libre d’accès et s’abattre sur son fils. Miraculeusement, ayant trouvé refuge dans les toilettes, ses bras ne brassèrent que le vide.
    Ginger ne put étouffer sa détresse à la vue d'un tel spectacle et s’effondra en pleurs. Alors la bête, un genou à terre, la regarda d’un air hébété, …

    (A suivre...)

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • L'échange (Part II)

    Mais, qu’elle était fière! Qu’elle m’agaçait à me considérer ainsi, à me repousser constamment, à me blesser, à triturer mon amour propre! La rame s’est arrêtée et elle est descendue, comme moi, à Pyramide. Dernière chance inespérée ? Saisir l’occasion, pas de face  mais de dos. Lâche ? Avais-je vraiment le choix ? C’était ridicule, mais j’en faisais presque une question de vie ou de mort!
    Je me trouvais quelques marches d’escalator en contre bas d’elle. Elle m’apparaissait de plein pied, cuirasse parfaite aux lignes régulières et harmonieuses, qui imperceptiblement émouvait, troublante silhouette, pleine de grâce, se découpant dans le triste décor de notre  contemporanéité. En ces instants magiques, où rien n’est réel ni tout à fait irréel, à cette frontière diffuse où l’emprise du temps se délite, les secondes se décomptent alors en années…
    Je fichai mon regard dans son dos comme l’on plante un poignard. De douleur, j’espérais qu’elle se retournerait. Soudainement sa tête pivota et son visage se profila sur l’écran de mes rêves. Elle se laissait distraire, par le défilement des affiches publicitaires, l’œil traînant, comme pris de vitesse.
    Me voyait-elle ? Je ne pouvais être affirmatif. Elle arborait maintenant un air plus affable, les traits du visage adoucis, l’esprit rasséréné. Seul le tapotement de ses doigts sur la rampe, accompagnant pianissimo une musique seule connue d'elle, trahissait encore une légère marque de contrariété, pas totalement dissipée. Elle avait baissé sa garde et je la discernais maintenant telle qu’elle devait se comporter naturellement, quand elle se recouvrait seule avec elle-même.
    Arrivée au dernier palier, elle prit la direction de la sortie numéros impairs tandis que, las, je me dirigeais vers les numéros pairs.
    Dans la rue, reprit la marche de mes préoccupations, le réveil de mes sens à l’orée d’une nouvelle semaine de travail qui, d’ici quelques mètres, s’amorcerait sans tarder. Je tentais de me remémorer – son regard pénétrant - la longue litanie d’un planning ficelé au centième de secondes près, de considérer - ses yeux noirs de désir - la meilleure façon de mener à bien mon premier rendez-vous client, si déterminant  pour le reste de la journée - vivre en elle quelques secondes - et même parfois de la soirée, de caser une course personnelle sur l’heure du déjeuner,  de rassembler mes esprits - le délicat battement de ses cils - afin que tous tendent dans la même direction.  L’évacuer de ma pensée - la dévêtir de son voile opaque -  pour ne pas parasiter ma journée. Mais peut-on réellement effacer - voler son regard  - une encre indélébile noire ?!
    Touche suppression : « Voulez-vous vraiment supprimer cette femme de votre esprit ? » - la sensualité du teint mat de sa peau - Touche Oui.
    Un crissement de pneus suivi d’un choc me fit sursauter. Je me retournai et je vis ce corps de déesse étendu sur le bitume, inerte, statufié dans son aura irréelle. Je m’approchai et m’agenouillai à portée de soupirs, de quelques notes d’espoir, proche de ce visage paisible, exempt de souffrance, serein, de ces grands yeux ouverts tournés vers l’extérieur, pépites noires, qui me fixaient comme à la recherche d’un soutien ou d’une compréhension, qui m’appelaient dans l’au-delà de nos vies, et mon regard de s’alanguir, de s’enfoncer irrépressiblement dans le trou noir de ses pensées intimes...
    Déjà le funeste chant des sirènes des ambulances et pompiers s’égosillait, les secouristes s’affairaient. Je m’écartai. Jamais je ne saurais pourquoi elle avait subitement décidé de retraverser l’avenue. S’était-elle tromper de sortie ou avait-elle fini par entendre mon message ?

    (Fin...)

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • L'échange (Part I)

    Elle se tenait debout, fermement campée sur ses jambes, défiant l’imprévisible roulis de la rame de métro. D’allure décidée, le port de tête altier, il se dégageait d'elle l’impression d'une inaltérable assurance. Vue de mon strapontin, elle s’érigeait en une sublime déesse venue de nulle part, au charme inaccessible. Comme vêtue d’un bouclier magnétique emprunté à une série SF, nul regard ne pouvait la transpercer. Oser le soutenir exposait à des dommages irréparables. Pénétrant, tel le rayon acéré d’un laser, il forçait au respect, à s’en détourner, à baisser la tête, à s’humilier en public.
    Quelques centièmes de secondes dérobés, à la regarder furtivement, à reconstituer de mémoire les pixels égarés de son visage, à s’imprégner de la sensualité exhalée par le teint mat de sa peau, à se laisser bercer par le ressac de sa crinière de jais léchant le sommet de ses épaules...
    Une ultime fois, je tentai de la prendre, de lui montrer mon désir de la découvrir, de parcourir à perdre haleine les contours de son visage, de reconnaître la couleur de son regard, de sentir le parfum de son émotion, de vivre le paroxysme de son cri cristallin, de saisir de plein vol le battement de ses cils, de capter l’intensité de son être à travers ses yeux, ses yeux noirs de désir, et d’y déceler le secret d’une vie masquée par l’apparente dureté de son expression, de raviver les braises de son cœur frigide, de la dévêtir de l'opacité de son voile. Car derrière cette apparence, devait se dissimuler la fragilité d’un être oppressé par le vis-à-vis subi du regard extérieur, en porte à faux avec le monde alentour.
    Née d’une grâce indicible, elle ne savait laisser de marbre. La dévisager, voler son regard, c’était se perdre à jamais, prendre le risque de ne plus jamais voir la vie de la même façon, en rose le jour et en noir le soir quand, seul dans le grand lit désespérément délaissé de toute sensualité, le souvenir de cette femme inaccessible s'esquisserait.
    Elle me fascinait, me frustrait. Je ne souhaitais pas entamer une conversation, ni mieux la connaître, mais juste la regarder, puis la laisser repartir et enfouir ces quelques instants au plus profond de mon esprit, avant qu’elle ne s’évanouisse, chassée par d’autres chocs, d’autres chaos...
    Vivre quelques secondes en elle, comme dans le regard de deux inconnus qui se croisent et prennent un peu de plaisir à se flatter la rétine, le temps d’un échange, le temps d’un oubli, de soi, de l’autre, d’une vie qui défile inexorablement. De la détresse à l’euphorie, tombe le masque de la défiance, séance tenante et, par temps de bise piquante, lorsque coulent mêlées larmes de désarroi et d'allégresse, jamais deux êtres, aussi proche l’un de l’autre, ne se sentent plus complices encore que s’ils se connaissaient.
    Je voulais la croiser et, d’un regard, transformer l’humeur d’une journée. Je voulais le lui faire entendre entre les stations de métro Saint Lazare et Pyramide. Las, elle me repoussa une fois encore. Nulle complicité et, au bout du tunnel, la méprise ! Que devait-elle penser ? Voyeur, dragueur, timide? Pis, maniaque, sadique, détraqué sexuel... L’horreur pour elle, le déshonneur pour moi.
    Mais, qu’elle était fière! Qu’elle m’agaçait à me considérer ainsi, à me repousser constamment, à me blesser, à triturer mon amour propre! La rame s’est arrêtée et...

    (A suivre...)

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Daisy Nepsy : Derniers instants...(PART IV et FIN)

    Encore ce soir, ils tambourinent à ma porte avec acharnement. Comme les autres fois, ils sont ivres. Je reconnais la voix de Mc Coy qui déblatère des insanités, celle de Ted qui en rajoute une couche et le rire glauque d’Harry.
    - "Ouvre salope, mais ouvre donc!", vocifère Mc Coy.
    - "On va te faire du bien, aller au 7ème ciel! Ha! Ha! Ha!" beugle Ted.
    - "On va te faire grimper..."
    Harry n'a pas le temps de finir sa phrase, Mc Coy, dont la colère monte, lui coupe la parole.
    - "Qu'est-ce qu'elle a cette pute ce soir, elle ouvre pas? Hurle-t-il, enfonce la porte, Ted!"

    Ce soir je n'aurai pas le courage de subir la violence de ces hommes avinés. Je ferme les yeux, et je vois les images de ma mise à mort défiler. Ils défoncent la porte, puis se précipitent furieux dans l'entrée, je suis là assise au pied de l'escalier, le visage enfoui dans mes jambes repliées sur ma poitrine, à les attendre en victime expiatoire. Ils se ruent sur moi comme on se jette sur une proie blessée, je prends peur et m'enfuis dans l'escalier. Ils me cherchent, animal traqué sans défense, et finissent par me débusquer au fond de la chambre, prostrée contre le mur, ils se jettent sur moi sans ménagement. Le défilement des images devient saccadé, stroboscopique à mesure que se succèdent brutalement les gros plans. Un bout de sexe sort de la braguette entrouverte d'un jean... Des doigts boudinés dégrafent maladroitement mon soutien-gorge... Une langue râpeuse s'enfonce fébrilement dans ma bouche... Le contact froid d'un canon de flingue sur ma tempe... Des nouilles pendantes qu'ils m'obligent à sucer... Ma bouche béante qui enfourne tour à tour leurs puanteurs de bites... Le craquement sec de l'écartement de mes jambes... Des pognes qui s'abattent sur mon visage quand je ne suis pas assez docile à leur goût... Le cuir des chaussures qui me rouent de coups de pieds dans les côtes après avoir satisfait leurs besoins.... Une bouteille de whisky se fracasse sur mon crâne... Un corps meurtri inanimé sur le sol...
    Je sens que les forces m'abandonnent. Je ne peux continuer à subir ce châtiment, mais il n'y a plus d'issue, Il est trop tard, je n'aurais pas dû....

    Depuis que Mc Coy m'a extirpée du Little Down, je n'ai plus de travail. J'en cherche, mais je n’essuie que des refus. On me colle une étiquette de femme à histoires. Je pense que les gens, et en particulier les femmes espèrent que je vais quitter le village, laisser leurs hommes en paix, disent-elles. Je manque de ressources. Ted, Mc Coy et Harry se sont cotisés pour me payer le loyer de la maison. Tous les mois, ils me versent un petit pécule. Je sais, je n'aurais pas dû accepter, mais...Je ne sais où aller et j'ai toujours pensé que cette situation serait provisoire, que bientôt je trouverai du travail et m'en sortirai toute seule...

    Fuir, au plus vite et à jamais. Je n'ai plus d'autres issues que la mort, seule délivrance, plus d'autres issues que cette étroite fenêtre de la salle de bain qui donne derrière la maison.

    Sur la falaise, tel un fantôme, drapée de ma longue chemises de nuit blanche, flottant au vent, que la lumière de la Lune rend fluorescente, je cours à perdre haleine, poursuivie par la meute braillarde d'hommes prêts à toutes les ignominies. J'atteins l'extrémité de la falaise. Encore quelques mètres et tout ce cauchemar sera fini à jamais. La fin de mon voyage sur terre. Ces derniers mètres me paraissent interminables. Je tourne la tête en arrière et constate qu'ils ne pourront pas me rejoindre. Je suis soulagée. Devant moi l'horizon infini se déploie. Soudain mon pied droit foule le vide. Je culbute la tête la première, puis j'écarte les bras et les jambes pour maîtriser au mieux ma longue chute libre. Cent quatre-vingts degrés d'un décor majestueux, la mer à perte de vue, où certains jours elle ne fait qu'un avec le ciel. Ma vie ne défile pas devant mes yeux, elle n'a été qu'une succession de moments douloureux. Cela n'en vaut pas la peine. Je suis sereine devant l'immensité du néant qui m'attend. Le vent s'engouffre dans ma chemise de nuit et me procure une dernière sensation agréable. Je vois le grand pic surplombant la mer se rapprocher à grande vitesse, j'entends un grand fracas suivi immédiatement d'une intense doul...

    (Fin...)

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Daisy Nepsy : Derniers instants...(PART III)

    Les hommes du village se sont attroupés autour du corps.Le shérif invective ses hommes.
    - "Dégagez-moi tous ces badauds et établissez un périmètre de sécurité !"
    La confusion gagne.
    - "Que doit-on faire maintenant?" s'inquiète son adjoint, Mc Coy.
    Le shérif hésite, il n'a pas l'habitude de gérer ce genre de situation. A vrai dire, depuis qu'il est shérif à Downdown, il n'a jamais été confronté à un tel cas.

    *

    Ne sachant où loger, je m'installe chez Mc Coy. "Quelques jours, je lui précise, le temps que je me retourne." Effectivement, je n'y reste guère plus, mais pour une toute autre raison. Mc Coy est d'un abord froid, il porte toujours ses lunettes de soleil Police, sa voix trahit une certaine raideur et il ne se sépare jamais de son flingue même quand il n’est pas en service.
    Rapidement nous avons des relations sexuelles, car avec lui, il n'y a pas d'ambiguïté. Il ne fait jamais l'amour, il baise. Je le vois dans ses yeux. Cela me convient car je ne l'aime pas, mais j'éprouve un plaisir charnel.
    Le plus souvent, il m'attache au barreau du lit avec une paire de menottes, je n'oppose aucune résistance, j'avoue que ça me plait d'être enchaînée comme ça, livrée en pâture, de lire dans ses yeux le plaisir qu’il retire de sa domination animale. Je ne risque rien, je le prends comme un jeu sans suite, j'ai confiance, il est flic.
    Aujourd’hui, mon plaisir n’est plus le même. Il laisse place le plus souvent à une vive appréhension à mesure que grandit son insatiable avidité. Il devient de plus en plus violent dans nos rapports sexuels, ses yeux me terrorisent, son souffle me répugne. Je dois m'exécuter à chacun de ses désirs. Je n'éprouve plus aucun plaisir, la peur qu'il me fasse mal me tenaille et avive ma douleur. Il ligote mes mains au lit, écarte mes jambes de force et me pénètre frénétiquement. J'essaie de me débattre, je hurle paniquée "non pas ça !", je le supplie d'arrêter, de renoncer. En retour, je reçois de grandes gifles. Je n'ai plus la force de lutter. Je capitule, je le laisse faire en attendant qu’il en finisse. Puis, je m'enferme dans la salle de bain où je m'effondre de douleur, de désespérance et je me vide de mes larmes. Seule avec cette atroce brûlure qui saigne mon cœur et mon entre-jambe,  j'ai envie de mourir, de me laisser mourir.

    *

    L'ambulance est repartie, sirène en berne. Les hommes quittent la plage et se dirigent par petits groupes vers le Little Down. Une vague lèche déjà l’inscription tracée maladroitement sur le sable humide : DAISY NEPSY FOR EVER. Un gamin au loin lance un galet dans la mer. Inexorablement la marée monte effaçant toute trace du passé...

    *

    Encore ce soir, ils tambourinent à ma porte avec acharnement...

    (A suivre...) 

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

     

  • Daisy Nepsy : Derniers instants...(PART II)

    La pluie redouble d’intensité, je frappe désespérément à la porte qui reste close. Devant l'insistance des coups, le panonceau « Fermé » se décroche... La porte finit par s’ouvrir sur un grand type baraqué qui, stupéfait, me reluque de haut en bas, comme pour jauger mon état général. Je grelotte de froid, des filets d’eau glacée s’échappent de mes cheveux plaqués contre mon visage violacé et coulent le long de ma nuque jusqu’au bas du dos, mes habits détrempés collent à mon corps transi, je dois avoir une allure pitoyable. Sans me laisser le temps de glisser un mot, il me fait signe d’entrer d’un geste ample. Je suis éreintée. Je viens de parcourir à pieds un nombre incalculable de kilomètres. Trop sans doute. Je prends soudainement conscience de la stupidité de mon entêtement à vouloir poursuivre cette excursion sur ce chemin côtier appelé "le sentier des douaniers". J’aurais dû m’arrêter dès les premières gouttes de pluie, le ciel ne laissait espérer meilleur augure.

    J’entre dans la salle, les chaises sont retournées sur les tables. Il  allume un feu dans la cheminée, reviens vers moi avec des vêtements secs et me les tend. Il me dit : « Ne bougez pas, réchauffez-vous, je m'occupe de tout !»
     Je l’entends s’activer dans la cuisine. Il revient avec un plateau sur lequel sont disposés une assiette d’œufs au bacon, 2 verres à pied et une bouteille de vin rouge californien. Il me souhaite un bon appétit  et remplit les deux verres. Nous discutons une bonne partie de la nuit, à se raconter nos vies, à se découvrir. Il me fait part du décès de sa femme survenu il y a quelques mois d'un tragique accident de la route. Je me sens obligé de compatir. Il hausse les épaules et ajoute malicieusement  qu’il vient aussi de perdre sa serveuse qui l’a quitté du jour au lendemain pour rejoindre son ami. Je lui réponds en clignant de l’œil que cela fait beaucoup pour un seul homme en si peu de temps!
    De sourire en rire, une complicité naît. D'attention en délicatesse, il me conquière. Je retrouve en lui un peu du père que j'aurais aimé connaître, le confident jamais rencontré. Les heures tournent et j'accepte son offre de barmaid.
    Le lendemain matin j'œuvre derrière le comptoir, prête à servir la clientèle. Je réarrange le bar, le rends plus coquet, y ajoute une note de musique, appose ma griffe. Ted est ravi et me laisse carte blanche.
    En peu de temps le Little Down  a une toute autre apparence et devient beaucoup plus accueillant. La clientèle revient. Il y a une bonne ambiance, les gens rigolent, plaisantent. Je suis leur égérie, tout le monde m'aime. Je sais que Ted est fier de moi et de lui aussi par la même occasion. Il est très attentionné avec moi et fait tout pour me rendre la vie agréable. Il est mon ami, il se comporte comme un père pour me guider, m’apprendre et me rassurer. De temps à autres, je sens son regard se porter sur moi. Je décide de ne pas y prêter trop d'attention, cela ne me dérange pas, je pense même que c'est naturel, la conséquence évidente de notre association.
    Ma vie est idyllique, je vis un rêve éveillé...

    Un soir, alors que je ferme l'établissement et débarrasse les dernières tables, je sens son regard se porter avec insistance sur mes fesses au moment où je me baisse pour nettoyer une table. Je me raidis, mon cœur se mets à battre très fort, le sang me monte à la tête et me brûle le visage, j'ai chaud, ma vue se brouille, je fais comme si de rien n'était, enfin j'essaie.
    Je l’entends arriver derrière moi. Il pose les mains sur mes hanches et embrasse ma nuque. Je ne dis rien, je me fige, le battement de mon cœur devient incontrôlable, il relève ma jupe et baisse délicatement ma culotte. Je n'esquisse aucun geste, je le laisse faire. Il me caresse les fesses et il me prend. Je ressens une jouissance absolue, comme jamais un homme ne m'a donné autant de plaisir en faisant aussi simplement l'amour, c'est pur, j'en pleure.
    Ce moment reste gravé à jamais dans ma mémoire, peut-être que je l'attendais depuis longtemps sans en être consciente. Son statut évolue et passe à ami-père-amant. Je suis éperdument amoureuse de lui. Des journées et des nuits entières, nous faisons l'amour. Le pub reste fermé un mois pour cause officielle de congés. Durant ces vacances, notre amour est fusionnel, nous ne nous séparons plus, seuls tous les deux 24 heures sur 24.

    C'est à la réouverture que les choses se gâtent. Son comportement change. Il ne supporte plus la familiarité des clients à mon encontre, devient susceptible, jaloux, voire même parfois agressif avec de la clientèle. Ma vie sombre dans d'incessantes disputes futiles, pour un oui ou un non, pour un rien, pour un coup d'œil. Sa jalousie devient maladive.
    L'ambiance délétère fait fuir les derniers clients, les journées interminables se succèdent, la vie devient invivable. La maladie le ronge, le rend colérique. Jusqu'au jour où, après une énième dispute, il décroche le fusil à pompe qui se trouve sur le côté du comptoir et il me le pointe sur la mâchoire. Il hurle :"T'es qu'une salope, une traînée, tu veux tous te les faire!"
    Mc Coy, l'adjoint du shérif, providentiellement en train de boire sa pinte de bière, intervient. Il réussit à le convaincre de lui donner le fusil. Mc Coy me prend énergiquement la main et me signifie sur le ton de l'injonction : "Venez, vous ne pouvez pas rester ici." Nous franchissons le seuil de la porte. Ted nous regarde sortir, impuissant, il ne peut s'opposer à un agent de la force de l'ordre, tuer le flic le mènerait trop loin.

    *

    Les hommes du village se sont attroupés autour du corps...

    (A suivre...) 

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.