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Lettre intime

Il y a des matins, au moment de l’éveil, où j’ai envie de te dire que je t’aime. Au sortir des songes, entre l’arôme âcre du café qui passe dans le filtre de la cafetière et le crissement du couteau qui étale le beurre sur le pain grillé, ton image souriante s’invite à mes primes pensées.

 

Il y a des matins où je m’émerveille devant le globe posé sur le bureau. J’y appose mon doigt, tourneboule la boule terrestre, la farandole des fuseaux horaires se met à danser, l’écume des océans à s’agiter. D’un soupir, je mesure alors l’impitoyable distance qui nous sépare.

 

Il y a des matins où le chuintement du jet de la douche transperce de mille pleurs mon cœur frémissant. Dans la brume s’emparant de la salle de bain, ici je distingue un pied, là une jambe, ailleurs une partie de ton corps dénudé. Sous la caresse de la serviette, mon sexe se raidit à mesure que ton image se conçoit.

 

Il y a des matins où je comprends que jamais nous ne nous rencontrerons. Jamais je ne m’enivrerai du parfum de tes cheveux, ne respirerai l’arôme de ton haleine, ne connaîtrai les délicieuses douceurs de ta bouche. Jamais l’éclat de tes yeux cristallins ne m’éblouira, les larmes de joie des premiers plaisirs et les sanglots de tristesse des prémices de la désillusion  ne couleront. Jamais la sueur de nos corps ne se mêlera, la sève de ton sexe ne s’accouplera à la blancheur de mon sperme.

 

Il y a des matins où, le rideau flottant dans le courant d’air de la fenêtre entrouverte de ta chambre, l’ombre chinoise de vos corps enlacés chancelle, bouche contre bouche, poitrine contre poitrine, sexe contre sexe. Dans ma tête, les idées s’embrouillent, s’agitent, s’entrechoquent. Un dernier regard, las, comme une confirmation, déjà ta main l’entraîne vers le lit. Les murs de la pièce entament leur ronde infernale, elle te sourit, ta bouche s’entrouvre, plus besoin de mots pour exprimer ton amour, tes mains caressent délicatement son visage et descendent le long de son corps.

 

Il y a des matins où, au bord du précipice, le vide soudain m’aspire, m’inspire, me plonge dans un abîme de néant, une irrésistible envie de m’enfouir au plus profond. Je me penche et hésite à faire le grand saut. Tes lèvres s’attardent sur les siennes, caresse sa gorge tendue, titille la pointe de ses seins.

 

Il y a des matins où le globe fait plusieurs fois le tour du monde, je ne l’arrête pas, Russie Uruguay Brésil Inde Australie…

Jack Monster, © 2008, tous droits réservés.

Commentaires

  • Une si belle lettre ... les pensées trottent et le globe ne s'arrete pas de tourner

  • Tant de désarroi, de regrets, tant de rêves, de goûts suaves, tant de......
    Je me suis noyée dans cette lettre si intimiste et profonde...Joli retour vers TOI...
    Merci....de tout coeur.
    Soph

  • Une lettre destinée à ne jamais etre lue.
    Une poésie mélancolique et douce.
    J'ai apprécié et me demande soudain : Y a-t-il une lettre comme celle-ci qui m'attend, me cherche, dans les tiroirs d'une pensée ?
    Amitié
    Thierry

  • c'est vrai que mes visitent s'espacent , il fut un moment ou je ne suis plus du tout venue sur myspace, je reprends petit a petit
    et c'est un sacré plaisir que de redécouvrir l'écriture que j'avais perdu ! perdu a lire, perdu a écrire
    merci pr cette invitation a venir ici, c'est une belle réussite !

  • Merci pour l'invitation, je regrette de manquer de temps pour passer vous lire, très belle lettre, si triste, si vraie...
    BB

  • en un paragraphe tu as réussi à exprimer ce que je pensais et voilà comme un tiraillement moins dur dans l'estomac...
    Quel soulagement!!! Que c'est agréable...
    Merci de m'avoir lancer l'invitation pour ce texte car au final il est apaisant.
    Je retrouve bien là la griffe de ce cher Monster Jack. Sincèrement merci encore ^^

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