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Daisy Nepsy : Derniers instants...(PART IV et FIN)

Encore ce soir, ils tambourinent à ma porte avec acharnement. Comme les autres fois, ils sont ivres. Je reconnais la voix de Mc Coy qui déblatère des insanités, celle de Ted qui en rajoute une couche et le rire glauque d’Harry.
- "Ouvre salope, mais ouvre donc!", vocifère Mc Coy.
- "On va te faire du bien, aller au 7ème ciel! Ha! Ha! Ha!" beugle Ted.
- "On va te faire grimper..."
Harry n'a pas le temps de finir sa phrase, Mc Coy, dont la colère monte, lui coupe la parole.
- "Qu'est-ce qu'elle a cette pute ce soir, elle ouvre pas? Hurle-t-il, enfonce la porte, Ted!"

Ce soir je n'aurai pas le courage de subir la violence de ces hommes avinés. Je ferme les yeux, et je vois les images de ma mise à mort défiler. Ils défoncent la porte, puis se précipitent furieux dans l'entrée, je suis là assise au pied de l'escalier, le visage enfoui dans mes jambes repliées sur ma poitrine, à les attendre en victime expiatoire. Ils se ruent sur moi comme on se jette sur une proie blessée, je prends peur et m'enfuis dans l'escalier. Ils me cherchent, animal traqué sans défense, et finissent par me débusquer au fond de la chambre, prostrée contre le mur, ils se jettent sur moi sans ménagement. Le défilement des images devient saccadé, stroboscopique à mesure que se succèdent brutalement les gros plans. Un bout de sexe sort de la braguette entrouverte d'un jean... Des doigts boudinés dégrafent maladroitement mon soutien-gorge... Une langue râpeuse s'enfonce fébrilement dans ma bouche... Le contact froid d'un canon de flingue sur ma tempe... Des nouilles pendantes qu'ils m'obligent à sucer... Ma bouche béante qui enfourne tour à tour leurs puanteurs de bites... Le craquement sec de l'écartement de mes jambes... Des pognes qui s'abattent sur mon visage quand je ne suis pas assez docile à leur goût... Le cuir des chaussures qui me rouent de coups de pieds dans les côtes après avoir satisfait leurs besoins.... Une bouteille de whisky se fracasse sur mon crâne... Un corps meurtri inanimé sur le sol...
Je sens que les forces m'abandonnent. Je ne peux continuer à subir ce châtiment, mais il n'y a plus d'issue, Il est trop tard, je n'aurais pas dû....

Depuis que Mc Coy m'a extirpée du Little Down, je n'ai plus de travail. J'en cherche, mais je n’essuie que des refus. On me colle une étiquette de femme à histoires. Je pense que les gens, et en particulier les femmes espèrent que je vais quitter le village, laisser leurs hommes en paix, disent-elles. Je manque de ressources. Ted, Mc Coy et Harry se sont cotisés pour me payer le loyer de la maison. Tous les mois, ils me versent un petit pécule. Je sais, je n'aurais pas dû accepter, mais...Je ne sais où aller et j'ai toujours pensé que cette situation serait provisoire, que bientôt je trouverai du travail et m'en sortirai toute seule...

Fuir, au plus vite et à jamais. Je n'ai plus d'autres issues que la mort, seule délivrance, plus d'autres issues que cette étroite fenêtre de la salle de bain qui donne derrière la maison.

Sur la falaise, tel un fantôme, drapée de ma longue chemises de nuit blanche, flottant au vent, que la lumière de la Lune rend fluorescente, je cours à perdre haleine, poursuivie par la meute braillarde d'hommes prêts à toutes les ignominies. J'atteins l'extrémité de la falaise. Encore quelques mètres et tout ce cauchemar sera fini à jamais. La fin de mon voyage sur terre. Ces derniers mètres me paraissent interminables. Je tourne la tête en arrière et constate qu'ils ne pourront pas me rejoindre. Je suis soulagée. Devant moi l'horizon infini se déploie. Soudain mon pied droit foule le vide. Je culbute la tête la première, puis j'écarte les bras et les jambes pour maîtriser au mieux ma longue chute libre. Cent quatre-vingts degrés d'un décor majestueux, la mer à perte de vue, où certains jours elle ne fait qu'un avec le ciel. Ma vie ne défile pas devant mes yeux, elle n'a été qu'une succession de moments douloureux. Cela n'en vaut pas la peine. Je suis sereine devant l'immensité du néant qui m'attend. Le vent s'engouffre dans ma chemise de nuit et me procure une dernière sensation agréable. Je vois le grand pic surplombant la mer se rapprocher à grande vitesse, j'entends un grand fracas suivi immédiatement d'une intense doul...

(Fin...)

Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

Commentaires

  • Monsieur, vous avez un talent réel pour la prose narrative. Je vous félicite pour cette syntaxe qui semble couler de source. Mille bravos. A bientôt et au plaisir de vous lire.

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