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Daisy Nepsy : Derniers instants...(PART II)

La pluie redouble d’intensité, je frappe désespérément à la porte qui reste close. Devant l'insistance des coups, le panonceau « Fermé » se décroche... La porte finit par s’ouvrir sur un grand type baraqué qui, stupéfait, me reluque de haut en bas, comme pour jauger mon état général. Je grelotte de froid, des filets d’eau glacée s’échappent de mes cheveux plaqués contre mon visage violacé et coulent le long de ma nuque jusqu’au bas du dos, mes habits détrempés collent à mon corps transi, je dois avoir une allure pitoyable. Sans me laisser le temps de glisser un mot, il me fait signe d’entrer d’un geste ample. Je suis éreintée. Je viens de parcourir à pieds un nombre incalculable de kilomètres. Trop sans doute. Je prends soudainement conscience de la stupidité de mon entêtement à vouloir poursuivre cette excursion sur ce chemin côtier appelé "le sentier des douaniers". J’aurais dû m’arrêter dès les premières gouttes de pluie, le ciel ne laissait espérer meilleur augure.

J’entre dans la salle, les chaises sont retournées sur les tables. Il  allume un feu dans la cheminée, reviens vers moi avec des vêtements secs et me les tend. Il me dit : « Ne bougez pas, réchauffez-vous, je m'occupe de tout !»
 Je l’entends s’activer dans la cuisine. Il revient avec un plateau sur lequel sont disposés une assiette d’œufs au bacon, 2 verres à pied et une bouteille de vin rouge californien. Il me souhaite un bon appétit  et remplit les deux verres. Nous discutons une bonne partie de la nuit, à se raconter nos vies, à se découvrir. Il me fait part du décès de sa femme survenu il y a quelques mois d'un tragique accident de la route. Je me sens obligé de compatir. Il hausse les épaules et ajoute malicieusement  qu’il vient aussi de perdre sa serveuse qui l’a quitté du jour au lendemain pour rejoindre son ami. Je lui réponds en clignant de l’œil que cela fait beaucoup pour un seul homme en si peu de temps!
De sourire en rire, une complicité naît. D'attention en délicatesse, il me conquière. Je retrouve en lui un peu du père que j'aurais aimé connaître, le confident jamais rencontré. Les heures tournent et j'accepte son offre de barmaid.
Le lendemain matin j'œuvre derrière le comptoir, prête à servir la clientèle. Je réarrange le bar, le rends plus coquet, y ajoute une note de musique, appose ma griffe. Ted est ravi et me laisse carte blanche.
En peu de temps le Little Down  a une toute autre apparence et devient beaucoup plus accueillant. La clientèle revient. Il y a une bonne ambiance, les gens rigolent, plaisantent. Je suis leur égérie, tout le monde m'aime. Je sais que Ted est fier de moi et de lui aussi par la même occasion. Il est très attentionné avec moi et fait tout pour me rendre la vie agréable. Il est mon ami, il se comporte comme un père pour me guider, m’apprendre et me rassurer. De temps à autres, je sens son regard se porter sur moi. Je décide de ne pas y prêter trop d'attention, cela ne me dérange pas, je pense même que c'est naturel, la conséquence évidente de notre association.
Ma vie est idyllique, je vis un rêve éveillé...

Un soir, alors que je ferme l'établissement et débarrasse les dernières tables, je sens son regard se porter avec insistance sur mes fesses au moment où je me baisse pour nettoyer une table. Je me raidis, mon cœur se mets à battre très fort, le sang me monte à la tête et me brûle le visage, j'ai chaud, ma vue se brouille, je fais comme si de rien n'était, enfin j'essaie.
Je l’entends arriver derrière moi. Il pose les mains sur mes hanches et embrasse ma nuque. Je ne dis rien, je me fige, le battement de mon cœur devient incontrôlable, il relève ma jupe et baisse délicatement ma culotte. Je n'esquisse aucun geste, je le laisse faire. Il me caresse les fesses et il me prend. Je ressens une jouissance absolue, comme jamais un homme ne m'a donné autant de plaisir en faisant aussi simplement l'amour, c'est pur, j'en pleure.
Ce moment reste gravé à jamais dans ma mémoire, peut-être que je l'attendais depuis longtemps sans en être consciente. Son statut évolue et passe à ami-père-amant. Je suis éperdument amoureuse de lui. Des journées et des nuits entières, nous faisons l'amour. Le pub reste fermé un mois pour cause officielle de congés. Durant ces vacances, notre amour est fusionnel, nous ne nous séparons plus, seuls tous les deux 24 heures sur 24.

C'est à la réouverture que les choses se gâtent. Son comportement change. Il ne supporte plus la familiarité des clients à mon encontre, devient susceptible, jaloux, voire même parfois agressif avec de la clientèle. Ma vie sombre dans d'incessantes disputes futiles, pour un oui ou un non, pour un rien, pour un coup d'œil. Sa jalousie devient maladive.
L'ambiance délétère fait fuir les derniers clients, les journées interminables se succèdent, la vie devient invivable. La maladie le ronge, le rend colérique. Jusqu'au jour où, après une énième dispute, il décroche le fusil à pompe qui se trouve sur le côté du comptoir et il me le pointe sur la mâchoire. Il hurle :"T'es qu'une salope, une traînée, tu veux tous te les faire!"
Mc Coy, l'adjoint du shérif, providentiellement en train de boire sa pinte de bière, intervient. Il réussit à le convaincre de lui donner le fusil. Mc Coy me prend énergiquement la main et me signifie sur le ton de l'injonction : "Venez, vous ne pouvez pas rester ici." Nous franchissons le seuil de la porte. Ted nous regarde sortir, impuissant, il ne peut s'opposer à un agent de la force de l'ordre, tuer le flic le mènerait trop loin.

*

Les hommes du village se sont attroupés autour du corps...

(A suivre...) 

 

Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

Commentaires

  • Ravie de faire partie de vos amis. Jolie histoire...
    Elle est allée un peu vite à mon goût mais j'ai apprécié.
    A bientôt pour d'autres aventures

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