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écriture - Page 6

  • Daisy Nepsy : Derniers instants... (PART I)

    Ce corps à l'abandon qui dérive, livré aux courants marins, ballotté par les primes vagues côtières...c'est le mien! Sans âme qui vive, retournée sur le ventre, bras et jambes écartées, je me trouve belle, vêtue d'une simple chemise de nuit blanche, telle une voile gonflée non de vent, mais gorgée d'eau salée, avec ma longue chevelure détachée, libre de ses mouvements, de se laisser porter par les flots. Je possède cette beauté emphatique qui sème un jour ou l'autre le trouble et chavire les cœurs. Dans le scintillement du reflet chahuté de la lune, je suis cette pâle étoile blanche noyée dans une mer d'encre de Chine, ce frêle esquif qui, à chaque instant, risque de se rompre et de couler corps et biens. Libéré de toute amarre, mon corps semble en parfaite symbiose avec l'élément liquide retrouvant ses aises utérines, juste retour des choses. Ah si seulement la vie ne m'avait fuie, quelle sérénité, quelle délivrance! Dernière note d'amertume en fin de non recevoir... 

    *

    Le téléphone sonne chez le Doc et le tire d'un profond sommeil. Amorphe, il regarde dubitatif son réveil qui indique une heure très matinale, comprend que c'est la sonnerie du téléphone qui vibre dans sa tête, décroche le combiné et répond d'une voix peu affable :
    - « Allo, Docteur Harry… »
    - « Doc, on a besoin de vous! Un noyé, enfin une, sur la plage de Downdown. »
    Le temps de se débarbouiller puis de s’habiller et il file. Encore ensommeillé, il pense au café qu'il n'aura pas le temps d'avaler au Little Down, le pub de Ted. Il y a bien longtemps qu'il ne s'y est pas rendu, depuis...

    La dernière fois… C'est avec moi! On a l'habitude d’y prendre nos cafés. C'est ici qu'il m'a connue, c'est ici que je le quitte. Inéluctablement.
    Harry, marié sans enfant à une certaine Laury, habite une petite bourgade située à une quinzaine de kilomètres de Downdown où il exerce. Tous les matins vers 8 heures, Harry passe avant sa première consultation. On s’amuse à prendre notre petit déjeuner au pub, chacun d'un côté du bar, on joue au jeu de la séduction entre la barmaid et le client, on s'échange des baisers à la dérobées, on s'écrit des mots doux sur les tickets de caisse… Ted, le patron, nous regarde parfois avec agacement, mais il se résigne à n’en souffler mot.
    Donc, le jour de la séparation, je passe de l'autre côté du bar et je l'entraîne vers une table un peu à l'écart. Je le regarde fixement dans les yeux et lui déclare simplement : "Harry, c'est fini". Il me dévisage, presque la larme à l'œil. Il ouvre la bouche, mais aucun mot n'en sort. A quoi bon rajouter quelque chose. Cela fait en réalité bien longtemps que c'est fini. On se voit très peu, souvent au pub, parfois dans une chambre d’hôtel les rares soirs où nous sommes libres en même temps. Il est le seul docteur du district et le Little Down est le seul débit de boissons. J'ai le courage de le dire, il le sait.

    *

    Du sommet de la falaise, je surplombe toute la baie, cent quatre vingt degrés d'un décor majestueux, la mer à perte de vue, où certains jours elle ne fait qu'un avec le ciel. Le soleil se lève, la mer est calme, presque étale. En contrebas, la petite plage de Downdown où mon corps a fini par s'échouer, hissé par la marée montante puis délaissé par le reflux. Des traces de pneus se dessinent sur le sable humide et mènent à un 4/4 bleu marine surmonté d'un gyrophare dont l'éclair stressant tournoie sur les parois rocheuses alentours. La plage est le théâtre d'une activité inhabituelle, des hommes courent en tous sens, gesticulent de manière désordonnée, braillent à perdre la voix et semblent jouer un ballet difficile à interpréter. Ils ont tiré mon corps et un attroupement s'est formé. Je ne parviens pas à l'apercevoir, tant ils sont nombreux autour de moi, enfin de mon corps. S'il me restait encore un souffle de vie, je serais morte étouffée tant ils m'oppressent.

    *


    La pluie redouble d’intensité, je frappe désespérément à la porte…

    (A suivre...) 

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Une brève rencontre

    Paris, un matin, je me retrouve à déambuler le long d’une grande avenue dont les façades, trop souvent,  se confondent avec la grisaille persistante du ciel. Sans trop savoir pourquoi je n’ai emprunté l’habituel bus, je marche, à la recherche du grain de folie qui agrémenterait mon existence, quelque peu maussade, de quelques touches d'allégresse, me permettrait ainsi de m’ébaudir à la vue d’une flopée de ballons de baudruche multicolores crevant le plafond bas de mon horizon ou, mieux encore, de m’enthousiasmer des improbables impacts laissés sur le macadam par des bombes, non pas d’eau mais de peinture, jetées du haut des grandes fenêtres des immeubles bourgeois.
    Déjà défilent, à la lueur des lucarnes dressées sur les toits en zinc, les ombres chancelantes des lève-tôt, alors qu’aux étages, les grandes fenêtres majestueuses, telles des vitrines de Noël de grands magasins laissant leurs automates livrés à eux-mêmes avant le bruyant déferlement des enfants, tardent encore à livrer aux regards curieux la quotidienneté de la vie de leurs habitants.


    De son reflet, je préfère ne garder que l’esquisse de son visage qui tente de s’esquiver de ma mémoire, ne voir, du mouvement de ses mains astiquant le carreau, qu'un dernier geste d'adieu. J'aimerais attraper sa bouche qui me sourit en m'apercevant en train de l'observer et rire avec elle, un bon coup, une bonne fois. Elle s'amuse, trace de grands cercles imaginaires avec ses bras, grimace, éclate de rire. Trois secondes de complicité valent parfois plus que l'éternité d'une vie...et de la mort.


    La mort, furtif coup d'œil à ma montre, qui tue ce moment magique, mes talons qui se tournent, et l'enterre définitivement au rayon des souvenirs agréables mais inaccessibles, mes pas qui soudainement se hâtent...la fuite. La fuite en avant ! Derrière mon dos, une fenêtre s'ouvre, une voix  m'apostrophe : "Hey!" Je suis déjà loin, trop loin pour...revenir! Je me retourne et je la vois enfin distinctement, vêtue de son unique robe, courte, vert électrique, montée sur la pointe de ses ballerines assorties, du haut de son escabeau, penchée dans le vide qui s’écrie : "Attendez-moi, je vous accompagne!"


    Pourquoi pas, grain de folie, un immense plaisir qui remonte lentement, le craquement définitif d’un drame qui se noue, délicieusement des orteils à la pointe des cheveux, le saut de l’ange, l’envie irrésistible de crier de joie, un cri qui transperce les tympans, le bien être qui s'empare du corps, une vie qui bascule, la vie qui s’envole, sur l’asphalte noir. Le silence… Le temps qui semble hésiter, puis une petite tache rouge qui perle sur l'étoffe verte, qui grossit à vue d'œil sans que rien ne puisse l'arrêter...

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Le retour

    Ne le dérangez pas, ne lui parlez pas, laissez-le, seul. Il n'est plus en état d'être avec vous. Il est simplement ailleurs, perdu dans ses pensées. Ne lui posez pas de questions, il ne pourrait y répondre. Il ne veut pas parler, il ne le peut pas. Votre vie n'a plus d'intérêt pour lui. Il ne fait que penser, repenser à tout ce qu'il vient de vivre. Moments merveilleux qui n'ont qu'un temps dans la réalité, inépuisables dans sa pensée.
    Il revient de vacances, son esprit l'est encore. Ne lui adressez pas la parole, vous pourriez le troubler, le tuer, comme le somnambule réveillé dans son échappée. Laissez-le vivre sa pensée. Son présent n'a de réalité que dans le passé. Chaque minute qui s'écoule lui renvoie un souvenir. Cessez de l'interroger, de lui faire violence. Gardez votre agressivité, il ne peut vous voir, vous entendre. Ne pensez pas que cela va passer, comme toute crise. Vous n'en savez rien, ne pouvez le comprendre.
    Il est dans un autre monde, dont un jour on finit par ne plus revenir. Ancré à cette vie, vous n'êtes que des ombres passantes, chancelantes à ses yeux. Il ne décripte plus votre langage - l'a-t-il déjà réellement compris? Votre rythme n'est pas le sien. Vous fréquentez les mêmes endroits, les mêmes places, mais il ne s'y attache pas. Son univers est dans sa tête, plus réel que le vôtre, moins factice, plus vrai. Vrai.

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Ces notes de piano

    Ces notes de piano qui sonnent dans l'abîme de tes nuits
    Et s'abîment dans les ténèbres de ta vie évidée de ses sens
    Dans le reflet du miroir, frêle créature qui s'efface
    Renvoie l'image effritée du temps où tu existais
    Où l'espérance n'était pas la sœur jumelle du désespoir


    Ces notes qui déjà ne t’appartiennent plus
    Qui à chaque boucle te fuient un peu plus
    Pour ne les perdre tu retiens ton souffle
    Pour ne périr tu cesses de respirer
    Pour ne pas mourir
    C'est tout ce qui reste de toi


    Dans la pénombre sombre ta vie
    En émoi l'émotion noire se noie
    En toi le démon te dépouille
    Entreprend son long travail de dépeçage
    Découpe savamment ta cervelle en lamelles
    Dérobe ta peau qu'il plaque sur son corps
    Mise à nu avant ta mise à mort


    A travers le prisme numérique
    Tu ne te possèdes plus
    Désincarnée, abandonnée, laissée
    Sensible, pathétique, absolue
    Nue tu es belle


    Collectionneur d'émotions
    Il ramasse les miettes de ton œuvre méconnue
    Recolle les morceaux éparpillés sur la toile
    Raccorde les mots ânonnés de tes phrases musicales
    Rejoue les quelques notes de piano qui l'accompagneront un moment


    En toi il s'est éveillé et te bouffe de l'intérieur
    Roule la larme sur ta joue où brille son reflet
    Pleure mon amie, vide-toi et meurt
    De ta fleur fanée naîtra un nouvel être
    Qui mènera à bien ta vie
    Te protégera de toi
    Et te prendra

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Dernière ligne droite

    Une dernière ligne droite ensoleillée, bordée de champs qui fument au petit matin. Dressé en son milieu, l’arrêt de bus n’a guère de succès, juste une fidèle que chaque matin je croise. Les brumes matinales tendent à s’estomper. La belle inconnue est exacte à son rendez-vous. Comme chaque matin, elle attend stoïque son bus.

    Fallait pas. Il ne fallait pas monter dans cette voiture...Elle a stoppé à sa hauteur. La vitre s’est abaissée. Un homme lui a dit : - Tous les matins je passe et je vous vois plantée là. Vous allez sur Chaimbourg ? Montez !

    Un large sourire illumine le visage de la fille. La portière se déverrouille, elle l’entrouvre, penche son frêle corps pour pénétrer dans l’habitacle, une main saisit la poignée et la rabat dans le claquement étouffé des modèles haut de gamme. La voiture redémarre en souplesse.
    L’homme arbore un sourire satisfait. Il est vêtu élégamment d’un costume cravate chemise. Il semble détendu, son calme rassure. A travers le pare-brise, on les voit échanger quelques mots, les visages se tournent l’un vers l’autre, les regards se rencontrent de temps à autres. La fille est radieuse, ses yeux pétillent de malice, sa bouche esquisse de larges sourires.

    La voiture me croise, je la suis du regard et je me retourne pour la voir disparaître à l’horizon. Un sentiment de désespoir m’envahit, un vide sans fond s’installe. Je me dis que je ne reverrai jamais le cuivre de sa peau, le vert limpide de ses yeux, la longue chevelure noire ondulant sur ses délicates épaules, tant de reflets qui savaient m'émouvoir.
    Je me retrouve seul sur la route. Le poétique décor champêtre perd subitement de son charme désuet. Cette route redevient ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : longue, dénudée et ennuyeuse. La fraîcheur matinale passe à travers les rayons encore juvéniles du soleil et me ronge les os.

    Il ne fallait pas monter dans cette voiture, jeune fille ! Un instant de Paradis pour une éternité d'Enfer. Plus jamais tu ne pourras voir un homme comme tu l’envisageais auparavant. Saloperie de mecs qui pillent les filles, souillent leurs corps et laissent leurs dépouilles sur le bas-côté des routes. Elles perdent tout, honneur, dignité, identité et, quand ce n’est pas leur vie, elles sont condamnées à vivre avec cette infamie. Saloperie de société qui laisse faire, qui favorise l’irrespect des sexes.

    L’homme vient de se payer une fille. Il a sillonné tout le secteur au volant de sa quelconque voiture jusqu'à la repérer. Patiemment il a attendu son heure. C’est le jour! Il se rase devant la glace. Il est serein, la veille il a volé une belle voiture. Il a délaissé le rasoir électrique au profit d'un modèle mécanique et vérifié que ses mains ne tremblent pas. Pas de coupures, pas de soucis, il est parfaitement calme et maître de lui. Il sourit au miroir, elle sera fidèle au rendez-vous. Ce matin, il sait qu’il va s'offrir cette fille innocente qui ne lui résistera pas...

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • One-Shot

    Mechanical dance
    Les garçons se déchirent à la Téquila
    T’es qui l’amor ? La mort de ma vie !
    Les filles s’enfilent entre 2 verres de Vodka
    Mechanical lovers

    Avec ses yeux de feu
    Il est le phénix de la piste
    A la recherche de la proie facile
    Il pille les filles
    Corps et âme en peine
    En panne d’amour

    Il s’approche d'elle
    L'entraîne sur la piste aux étoiles
    Ses yeux percent les siens
    Au rythme de la musique
    2 corps entrent en transe
    Se rencontrent, se cherchent
    Elle lui sourit
    Il récite sa leçon sans émotion
    Ce soir tout est nick-elle
    Le one-shot parfait

    Il embrasse ses lèvres
    Recherche sa langue
    Elle la lui livre
    La fille est une bonne élève
    Il susurre quelques mots dans le creux de son oreille
    Elle éclate de rire
    Non...non...non!
    Ses yeux pétillent
    Elle est heureuse
    Oui lâche-t-elle à l'envie

    Mechanical dance
    Garçon habile cherche fille docile
    Les filles s’enfilent entre 2 verres de Vodka
    Garçon arrangeant cherche fille accommodante
    Méchanical lovers

    Il la mène aux toilettes

    Mechanical dance au rythme de la musique
    Combien de filles embrassées
    De seins empoignés
    De culottes baissées calotte retroussée
    Il se conduit comme un sadique
    Addicted to love
    Avide de baiser, à vide de baisers
    Mechanical lovers

    La fille glisse le long de son torse
    prends l’engin entre ses dents
    Joue de la langue
    Fellation, fais attention
    Plonge au plus profond
    jusqu'au tréfonds
    De la jouiss... Coup de cisaille!
    One-Shot fatal...

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.












  • Le bar de la Marine

    Ce matin au bar de la Marine
    Tout de blanc vêtue
    Telle une apparition céleste
    tu t'es approchée de moi.
    Le soleil irradiait ton visage
    Illuminait ton regard
    Embrasait ton sourire.

    Je ne te connais pas ma belle
    Ton sourire brille de ce bonheur si rare
    Tes yeux pétillent la vie.
    Tu t'es rapprochée à une portée de mots
    Tu m'as demandé ce que je désirais
    2 cafés t'ai-je répondu enjoué
    A ton étonnement j'ai ajouté j'attends mon amie
    Je les apporterai quand elle arrivera m'as-tu lancé d'un clin d'oeil.

    Ce matin au bar de la Marine tout est douceur
    Le soleil inonde la terrasse du café
    Au loin le ressac de mer
    Au loin le cri des mouettes
    file ma migraine de vie
    L'air est si léger
    Le temps si futile.

    L'humeur se fait belle
    Je t'ai aperçue
    Ton regard illumine le mien
    Ton sourire effleure mes lèvres
    Ta voix caresse de mille écumes mon échine
    Ton visage s'oublie dans mes pensées.

    Ce matin au bar de la Marine
    Tu m'es apparue
    Tout de blanc vêtue
    Le temps a filé entre-temps
    Tu as posé les deux cafés sur la table
    L'air si léger
    Tu t'es assise à mes côtés...

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Une rencontre singulière

    0.

     

    Je t'ai contournée et me suis rangé derrière toi. J'ai retrouvé le lacet que j'avais fiché dans la poche de mon pantalon avant de te rendre visite. J'en ai saisi les deux extrémités. J'ai écarté les mains jusqu'à en sentir la discrète vibration provoquée par sa tension. J'ai dressé lentement les bras. Avec minutie, je les ai passés par-dessus ta tête. Un instant, ils se sont immobilisés comme suspendus dans le temps, puis prestement, d'un mouvement ovoïde plongeant, j'ai appliqué le lien sur ton cou, replié les bras et tiré fermement.

    Tu as crié.

    J'ai exécuté une pression supplémentaire. Tes cris se sont étouffés. Tu t'es débattue. J'ai contracté mes muscles pour te maintenir captive. Ton dos est venu se plaquer contre moi. Un temps qui parut infini a figé nos deux corps. Tes cheveux ont caressé mon visage. J'ai enfoui mon nez dans ta chevelure et j'ai respiré à plein poumon ton odeur enivrante. Mon sexe s'est raidi dans la raie de tes fesses. Ton corps en nage contre le mien en transe, j'ai failli succomber...

    Je n'en ai pas eu le temps. A la vie, à la mort, tes forces se sont démultipliées. J'ai senti tes muscles trembler, ton corps vibrer de sa toute dernière énergie. J'ai eu toutes les peines du monde à te contenir.

    Il a fallu en finir.

    Le miroir mural diffusait en direct la scène. Je t'ai vue te débattre, te désarticuler. J'ai vu ton joli visage poupin grimacer de terreur, le trait régulier de tes sourcils se rompre de douleur, l'iris olivâtre de tes yeux exorbités se pimenter de larmes sanguines, la mélasse sortir du bout de ton nez à croquer et couler le long du sillon jusqu'à l'ourlet de tes lèvres purpurines, la blancheur de tes dents jaillir de la pénombre de la cavité de ta bouche béante, la langue déjà raidie, déjà inanimée. J'ai vu le sang monté au visage. J'ai vu ta souffrance, ta suffocation jusqu'à ton agonie. J'ai tout vu et je ne suis pas venu à ton aide, Mérimée.

    J'ai juste shooté dans le vase olive posé sur le parquet. Le miroir s'est brisé en mille morceaux dans un fracas cristallin ponctué par un dernier râle. Un dernier souffle s'est échappé. Pas eu le temps de le retenir et l'enfermer hermétiquement dans une petite bouteille pour le garder à jamais! Trop tard, la vie s'est éteinte. Tes muscles se sont relâchés, ton corps s'est assoupli, s'est amolli, est devenu collant, élastique. Une dernière fois j'ai plongé mon visage dans ta chevelure Mérimée, rempli mes poumons de ton odeur inoubliable. Une larme a coulé sur ma joue. J'ai desserré l'étreinte du lacet. Je t'ai laissée choir délicatement. J'ai salué une dernière fois ce corps recroquevillé sur le plancher, en position fœtale, déjà abandonné aux primes effluences de la mort. J'ai repoussé l'interrupteur de la lumière, tiré la porte et laissé là notre vie à jamais ébréchée.

     

    Extrait de roman Jack O. Monster, © 2007, tous droits réservés