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Sheela - Page 6

  • Daisy Nepsy : Derniers instants...(PART III)

    Les hommes du village se sont attroupés autour du corps.Le shérif invective ses hommes.
    - "Dégagez-moi tous ces badauds et établissez un périmètre de sécurité !"
    La confusion gagne.
    - "Que doit-on faire maintenant?" s'inquiète son adjoint, Mc Coy.
    Le shérif hésite, il n'a pas l'habitude de gérer ce genre de situation. A vrai dire, depuis qu'il est shérif à Downdown, il n'a jamais été confronté à un tel cas.

    *

    Ne sachant où loger, je m'installe chez Mc Coy. "Quelques jours, je lui précise, le temps que je me retourne." Effectivement, je n'y reste guère plus, mais pour une toute autre raison. Mc Coy est d'un abord froid, il porte toujours ses lunettes de soleil Police, sa voix trahit une certaine raideur et il ne se sépare jamais de son flingue même quand il n’est pas en service.
    Rapidement nous avons des relations sexuelles, car avec lui, il n'y a pas d'ambiguïté. Il ne fait jamais l'amour, il baise. Je le vois dans ses yeux. Cela me convient car je ne l'aime pas, mais j'éprouve un plaisir charnel.
    Le plus souvent, il m'attache au barreau du lit avec une paire de menottes, je n'oppose aucune résistance, j'avoue que ça me plait d'être enchaînée comme ça, livrée en pâture, de lire dans ses yeux le plaisir qu’il retire de sa domination animale. Je ne risque rien, je le prends comme un jeu sans suite, j'ai confiance, il est flic.
    Aujourd’hui, mon plaisir n’est plus le même. Il laisse place le plus souvent à une vive appréhension à mesure que grandit son insatiable avidité. Il devient de plus en plus violent dans nos rapports sexuels, ses yeux me terrorisent, son souffle me répugne. Je dois m'exécuter à chacun de ses désirs. Je n'éprouve plus aucun plaisir, la peur qu'il me fasse mal me tenaille et avive ma douleur. Il ligote mes mains au lit, écarte mes jambes de force et me pénètre frénétiquement. J'essaie de me débattre, je hurle paniquée "non pas ça !", je le supplie d'arrêter, de renoncer. En retour, je reçois de grandes gifles. Je n'ai plus la force de lutter. Je capitule, je le laisse faire en attendant qu’il en finisse. Puis, je m'enferme dans la salle de bain où je m'effondre de douleur, de désespérance et je me vide de mes larmes. Seule avec cette atroce brûlure qui saigne mon cœur et mon entre-jambe,  j'ai envie de mourir, de me laisser mourir.

    *

    L'ambulance est repartie, sirène en berne. Les hommes quittent la plage et se dirigent par petits groupes vers le Little Down. Une vague lèche déjà l’inscription tracée maladroitement sur le sable humide : DAISY NEPSY FOR EVER. Un gamin au loin lance un galet dans la mer. Inexorablement la marée monte effaçant toute trace du passé...

    *

    Encore ce soir, ils tambourinent à ma porte avec acharnement...

    (A suivre...) 

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

     

  • Daisy Nepsy : Derniers instants...(PART II)

    La pluie redouble d’intensité, je frappe désespérément à la porte qui reste close. Devant l'insistance des coups, le panonceau « Fermé » se décroche... La porte finit par s’ouvrir sur un grand type baraqué qui, stupéfait, me reluque de haut en bas, comme pour jauger mon état général. Je grelotte de froid, des filets d’eau glacée s’échappent de mes cheveux plaqués contre mon visage violacé et coulent le long de ma nuque jusqu’au bas du dos, mes habits détrempés collent à mon corps transi, je dois avoir une allure pitoyable. Sans me laisser le temps de glisser un mot, il me fait signe d’entrer d’un geste ample. Je suis éreintée. Je viens de parcourir à pieds un nombre incalculable de kilomètres. Trop sans doute. Je prends soudainement conscience de la stupidité de mon entêtement à vouloir poursuivre cette excursion sur ce chemin côtier appelé "le sentier des douaniers". J’aurais dû m’arrêter dès les premières gouttes de pluie, le ciel ne laissait espérer meilleur augure.

    J’entre dans la salle, les chaises sont retournées sur les tables. Il  allume un feu dans la cheminée, reviens vers moi avec des vêtements secs et me les tend. Il me dit : « Ne bougez pas, réchauffez-vous, je m'occupe de tout !»
     Je l’entends s’activer dans la cuisine. Il revient avec un plateau sur lequel sont disposés une assiette d’œufs au bacon, 2 verres à pied et une bouteille de vin rouge californien. Il me souhaite un bon appétit  et remplit les deux verres. Nous discutons une bonne partie de la nuit, à se raconter nos vies, à se découvrir. Il me fait part du décès de sa femme survenu il y a quelques mois d'un tragique accident de la route. Je me sens obligé de compatir. Il hausse les épaules et ajoute malicieusement  qu’il vient aussi de perdre sa serveuse qui l’a quitté du jour au lendemain pour rejoindre son ami. Je lui réponds en clignant de l’œil que cela fait beaucoup pour un seul homme en si peu de temps!
    De sourire en rire, une complicité naît. D'attention en délicatesse, il me conquière. Je retrouve en lui un peu du père que j'aurais aimé connaître, le confident jamais rencontré. Les heures tournent et j'accepte son offre de barmaid.
    Le lendemain matin j'œuvre derrière le comptoir, prête à servir la clientèle. Je réarrange le bar, le rends plus coquet, y ajoute une note de musique, appose ma griffe. Ted est ravi et me laisse carte blanche.
    En peu de temps le Little Down  a une toute autre apparence et devient beaucoup plus accueillant. La clientèle revient. Il y a une bonne ambiance, les gens rigolent, plaisantent. Je suis leur égérie, tout le monde m'aime. Je sais que Ted est fier de moi et de lui aussi par la même occasion. Il est très attentionné avec moi et fait tout pour me rendre la vie agréable. Il est mon ami, il se comporte comme un père pour me guider, m’apprendre et me rassurer. De temps à autres, je sens son regard se porter sur moi. Je décide de ne pas y prêter trop d'attention, cela ne me dérange pas, je pense même que c'est naturel, la conséquence évidente de notre association.
    Ma vie est idyllique, je vis un rêve éveillé...

    Un soir, alors que je ferme l'établissement et débarrasse les dernières tables, je sens son regard se porter avec insistance sur mes fesses au moment où je me baisse pour nettoyer une table. Je me raidis, mon cœur se mets à battre très fort, le sang me monte à la tête et me brûle le visage, j'ai chaud, ma vue se brouille, je fais comme si de rien n'était, enfin j'essaie.
    Je l’entends arriver derrière moi. Il pose les mains sur mes hanches et embrasse ma nuque. Je ne dis rien, je me fige, le battement de mon cœur devient incontrôlable, il relève ma jupe et baisse délicatement ma culotte. Je n'esquisse aucun geste, je le laisse faire. Il me caresse les fesses et il me prend. Je ressens une jouissance absolue, comme jamais un homme ne m'a donné autant de plaisir en faisant aussi simplement l'amour, c'est pur, j'en pleure.
    Ce moment reste gravé à jamais dans ma mémoire, peut-être que je l'attendais depuis longtemps sans en être consciente. Son statut évolue et passe à ami-père-amant. Je suis éperdument amoureuse de lui. Des journées et des nuits entières, nous faisons l'amour. Le pub reste fermé un mois pour cause officielle de congés. Durant ces vacances, notre amour est fusionnel, nous ne nous séparons plus, seuls tous les deux 24 heures sur 24.

    C'est à la réouverture que les choses se gâtent. Son comportement change. Il ne supporte plus la familiarité des clients à mon encontre, devient susceptible, jaloux, voire même parfois agressif avec de la clientèle. Ma vie sombre dans d'incessantes disputes futiles, pour un oui ou un non, pour un rien, pour un coup d'œil. Sa jalousie devient maladive.
    L'ambiance délétère fait fuir les derniers clients, les journées interminables se succèdent, la vie devient invivable. La maladie le ronge, le rend colérique. Jusqu'au jour où, après une énième dispute, il décroche le fusil à pompe qui se trouve sur le côté du comptoir et il me le pointe sur la mâchoire. Il hurle :"T'es qu'une salope, une traînée, tu veux tous te les faire!"
    Mc Coy, l'adjoint du shérif, providentiellement en train de boire sa pinte de bière, intervient. Il réussit à le convaincre de lui donner le fusil. Mc Coy me prend énergiquement la main et me signifie sur le ton de l'injonction : "Venez, vous ne pouvez pas rester ici." Nous franchissons le seuil de la porte. Ted nous regarde sortir, impuissant, il ne peut s'opposer à un agent de la force de l'ordre, tuer le flic le mènerait trop loin.

    *

    Les hommes du village se sont attroupés autour du corps...

    (A suivre...) 

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Daisy Nepsy : Derniers instants... (PART I)

    Ce corps à l'abandon qui dérive, livré aux courants marins, ballotté par les primes vagues côtières...c'est le mien! Sans âme qui vive, retournée sur le ventre, bras et jambes écartées, je me trouve belle, vêtue d'une simple chemise de nuit blanche, telle une voile gonflée non de vent, mais gorgée d'eau salée, avec ma longue chevelure détachée, libre de ses mouvements, de se laisser porter par les flots. Je possède cette beauté emphatique qui sème un jour ou l'autre le trouble et chavire les cœurs. Dans le scintillement du reflet chahuté de la lune, je suis cette pâle étoile blanche noyée dans une mer d'encre de Chine, ce frêle esquif qui, à chaque instant, risque de se rompre et de couler corps et biens. Libéré de toute amarre, mon corps semble en parfaite symbiose avec l'élément liquide retrouvant ses aises utérines, juste retour des choses. Ah si seulement la vie ne m'avait fuie, quelle sérénité, quelle délivrance! Dernière note d'amertume en fin de non recevoir... 

    *

    Le téléphone sonne chez le Doc et le tire d'un profond sommeil. Amorphe, il regarde dubitatif son réveil qui indique une heure très matinale, comprend que c'est la sonnerie du téléphone qui vibre dans sa tête, décroche le combiné et répond d'une voix peu affable :
    - « Allo, Docteur Harry… »
    - « Doc, on a besoin de vous! Un noyé, enfin une, sur la plage de Downdown. »
    Le temps de se débarbouiller puis de s’habiller et il file. Encore ensommeillé, il pense au café qu'il n'aura pas le temps d'avaler au Little Down, le pub de Ted. Il y a bien longtemps qu'il ne s'y est pas rendu, depuis...

    La dernière fois… C'est avec moi! On a l'habitude d’y prendre nos cafés. C'est ici qu'il m'a connue, c'est ici que je le quitte. Inéluctablement.
    Harry, marié sans enfant à une certaine Laury, habite une petite bourgade située à une quinzaine de kilomètres de Downdown où il exerce. Tous les matins vers 8 heures, Harry passe avant sa première consultation. On s’amuse à prendre notre petit déjeuner au pub, chacun d'un côté du bar, on joue au jeu de la séduction entre la barmaid et le client, on s'échange des baisers à la dérobées, on s'écrit des mots doux sur les tickets de caisse… Ted, le patron, nous regarde parfois avec agacement, mais il se résigne à n’en souffler mot.
    Donc, le jour de la séparation, je passe de l'autre côté du bar et je l'entraîne vers une table un peu à l'écart. Je le regarde fixement dans les yeux et lui déclare simplement : "Harry, c'est fini". Il me dévisage, presque la larme à l'œil. Il ouvre la bouche, mais aucun mot n'en sort. A quoi bon rajouter quelque chose. Cela fait en réalité bien longtemps que c'est fini. On se voit très peu, souvent au pub, parfois dans une chambre d’hôtel les rares soirs où nous sommes libres en même temps. Il est le seul docteur du district et le Little Down est le seul débit de boissons. J'ai le courage de le dire, il le sait.

    *

    Du sommet de la falaise, je surplombe toute la baie, cent quatre vingt degrés d'un décor majestueux, la mer à perte de vue, où certains jours elle ne fait qu'un avec le ciel. Le soleil se lève, la mer est calme, presque étale. En contrebas, la petite plage de Downdown où mon corps a fini par s'échouer, hissé par la marée montante puis délaissé par le reflux. Des traces de pneus se dessinent sur le sable humide et mènent à un 4/4 bleu marine surmonté d'un gyrophare dont l'éclair stressant tournoie sur les parois rocheuses alentours. La plage est le théâtre d'une activité inhabituelle, des hommes courent en tous sens, gesticulent de manière désordonnée, braillent à perdre la voix et semblent jouer un ballet difficile à interpréter. Ils ont tiré mon corps et un attroupement s'est formé. Je ne parviens pas à l'apercevoir, tant ils sont nombreux autour de moi, enfin de mon corps. S'il me restait encore un souffle de vie, je serais morte étouffée tant ils m'oppressent.

    *


    La pluie redouble d’intensité, je frappe désespérément à la porte…

    (A suivre...) 

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Une brève rencontre

    Paris, un matin, je me retrouve à déambuler le long d’une grande avenue dont les façades, trop souvent,  se confondent avec la grisaille persistante du ciel. Sans trop savoir pourquoi je n’ai emprunté l’habituel bus, je marche, à la recherche du grain de folie qui agrémenterait mon existence, quelque peu maussade, de quelques touches d'allégresse, me permettrait ainsi de m’ébaudir à la vue d’une flopée de ballons de baudruche multicolores crevant le plafond bas de mon horizon ou, mieux encore, de m’enthousiasmer des improbables impacts laissés sur le macadam par des bombes, non pas d’eau mais de peinture, jetées du haut des grandes fenêtres des immeubles bourgeois.
    Déjà défilent, à la lueur des lucarnes dressées sur les toits en zinc, les ombres chancelantes des lève-tôt, alors qu’aux étages, les grandes fenêtres majestueuses, telles des vitrines de Noël de grands magasins laissant leurs automates livrés à eux-mêmes avant le bruyant déferlement des enfants, tardent encore à livrer aux regards curieux la quotidienneté de la vie de leurs habitants.


    De son reflet, je préfère ne garder que l’esquisse de son visage qui tente de s’esquiver de ma mémoire, ne voir, du mouvement de ses mains astiquant le carreau, qu'un dernier geste d'adieu. J'aimerais attraper sa bouche qui me sourit en m'apercevant en train de l'observer et rire avec elle, un bon coup, une bonne fois. Elle s'amuse, trace de grands cercles imaginaires avec ses bras, grimace, éclate de rire. Trois secondes de complicité valent parfois plus que l'éternité d'une vie...et de la mort.


    La mort, furtif coup d'œil à ma montre, qui tue ce moment magique, mes talons qui se tournent, et l'enterre définitivement au rayon des souvenirs agréables mais inaccessibles, mes pas qui soudainement se hâtent...la fuite. La fuite en avant ! Derrière mon dos, une fenêtre s'ouvre, une voix  m'apostrophe : "Hey!" Je suis déjà loin, trop loin pour...revenir! Je me retourne et je la vois enfin distinctement, vêtue de son unique robe, courte, vert électrique, montée sur la pointe de ses ballerines assorties, du haut de son escabeau, penchée dans le vide qui s’écrie : "Attendez-moi, je vous accompagne!"


    Pourquoi pas, grain de folie, un immense plaisir qui remonte lentement, le craquement définitif d’un drame qui se noue, délicieusement des orteils à la pointe des cheveux, le saut de l’ange, l’envie irrésistible de crier de joie, un cri qui transperce les tympans, le bien être qui s'empare du corps, une vie qui bascule, la vie qui s’envole, sur l’asphalte noir. Le silence… Le temps qui semble hésiter, puis une petite tache rouge qui perle sur l'étoffe verte, qui grossit à vue d'œil sans que rien ne puisse l'arrêter...

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Le retour

    Ne le dérangez pas, ne lui parlez pas, laissez-le, seul. Il n'est plus en état d'être avec vous. Il est simplement ailleurs, perdu dans ses pensées. Ne lui posez pas de questions, il ne pourrait y répondre. Il ne veut pas parler, il ne le peut pas. Votre vie n'a plus d'intérêt pour lui. Il ne fait que penser, repenser à tout ce qu'il vient de vivre. Moments merveilleux qui n'ont qu'un temps dans la réalité, inépuisables dans sa pensée.
    Il revient de vacances, son esprit l'est encore. Ne lui adressez pas la parole, vous pourriez le troubler, le tuer, comme le somnambule réveillé dans son échappée. Laissez-le vivre sa pensée. Son présent n'a de réalité que dans le passé. Chaque minute qui s'écoule lui renvoie un souvenir. Cessez de l'interroger, de lui faire violence. Gardez votre agressivité, il ne peut vous voir, vous entendre. Ne pensez pas que cela va passer, comme toute crise. Vous n'en savez rien, ne pouvez le comprendre.
    Il est dans un autre monde, dont un jour on finit par ne plus revenir. Ancré à cette vie, vous n'êtes que des ombres passantes, chancelantes à ses yeux. Il ne décripte plus votre langage - l'a-t-il déjà réellement compris? Votre rythme n'est pas le sien. Vous fréquentez les mêmes endroits, les mêmes places, mais il ne s'y attache pas. Son univers est dans sa tête, plus réel que le vôtre, moins factice, plus vrai. Vrai.

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Ces notes de piano

    Ces notes de piano qui sonnent dans l'abîme de tes nuits
    Et s'abîment dans les ténèbres de ta vie évidée de ses sens
    Dans le reflet du miroir, frêle créature qui s'efface
    Renvoie l'image effritée du temps où tu existais
    Où l'espérance n'était pas la sœur jumelle du désespoir


    Ces notes qui déjà ne t’appartiennent plus
    Qui à chaque boucle te fuient un peu plus
    Pour ne les perdre tu retiens ton souffle
    Pour ne périr tu cesses de respirer
    Pour ne pas mourir
    C'est tout ce qui reste de toi


    Dans la pénombre sombre ta vie
    En émoi l'émotion noire se noie
    En toi le démon te dépouille
    Entreprend son long travail de dépeçage
    Découpe savamment ta cervelle en lamelles
    Dérobe ta peau qu'il plaque sur son corps
    Mise à nu avant ta mise à mort


    A travers le prisme numérique
    Tu ne te possèdes plus
    Désincarnée, abandonnée, laissée
    Sensible, pathétique, absolue
    Nue tu es belle


    Collectionneur d'émotions
    Il ramasse les miettes de ton œuvre méconnue
    Recolle les morceaux éparpillés sur la toile
    Raccorde les mots ânonnés de tes phrases musicales
    Rejoue les quelques notes de piano qui l'accompagneront un moment


    En toi il s'est éveillé et te bouffe de l'intérieur
    Roule la larme sur ta joue où brille son reflet
    Pleure mon amie, vide-toi et meurt
    De ta fleur fanée naîtra un nouvel être
    Qui mènera à bien ta vie
    Te protégera de toi
    Et te prendra

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Dernière ligne droite

    Une dernière ligne droite ensoleillée, bordée de champs qui fument au petit matin. Dressé en son milieu, l’arrêt de bus n’a guère de succès, juste une fidèle que chaque matin je croise. Les brumes matinales tendent à s’estomper. La belle inconnue est exacte à son rendez-vous. Comme chaque matin, elle attend stoïque son bus.

    Fallait pas. Il ne fallait pas monter dans cette voiture...Elle a stoppé à sa hauteur. La vitre s’est abaissée. Un homme lui a dit : - Tous les matins je passe et je vous vois plantée là. Vous allez sur Chaimbourg ? Montez !

    Un large sourire illumine le visage de la fille. La portière se déverrouille, elle l’entrouvre, penche son frêle corps pour pénétrer dans l’habitacle, une main saisit la poignée et la rabat dans le claquement étouffé des modèles haut de gamme. La voiture redémarre en souplesse.
    L’homme arbore un sourire satisfait. Il est vêtu élégamment d’un costume cravate chemise. Il semble détendu, son calme rassure. A travers le pare-brise, on les voit échanger quelques mots, les visages se tournent l’un vers l’autre, les regards se rencontrent de temps à autres. La fille est radieuse, ses yeux pétillent de malice, sa bouche esquisse de larges sourires.

    La voiture me croise, je la suis du regard et je me retourne pour la voir disparaître à l’horizon. Un sentiment de désespoir m’envahit, un vide sans fond s’installe. Je me dis que je ne reverrai jamais le cuivre de sa peau, le vert limpide de ses yeux, la longue chevelure noire ondulant sur ses délicates épaules, tant de reflets qui savaient m'émouvoir.
    Je me retrouve seul sur la route. Le poétique décor champêtre perd subitement de son charme désuet. Cette route redevient ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : longue, dénudée et ennuyeuse. La fraîcheur matinale passe à travers les rayons encore juvéniles du soleil et me ronge les os.

    Il ne fallait pas monter dans cette voiture, jeune fille ! Un instant de Paradis pour une éternité d'Enfer. Plus jamais tu ne pourras voir un homme comme tu l’envisageais auparavant. Saloperie de mecs qui pillent les filles, souillent leurs corps et laissent leurs dépouilles sur le bas-côté des routes. Elles perdent tout, honneur, dignité, identité et, quand ce n’est pas leur vie, elles sont condamnées à vivre avec cette infamie. Saloperie de société qui laisse faire, qui favorise l’irrespect des sexes.

    L’homme vient de se payer une fille. Il a sillonné tout le secteur au volant de sa quelconque voiture jusqu'à la repérer. Patiemment il a attendu son heure. C’est le jour! Il se rase devant la glace. Il est serein, la veille il a volé une belle voiture. Il a délaissé le rasoir électrique au profit d'un modèle mécanique et vérifié que ses mains ne tremblent pas. Pas de coupures, pas de soucis, il est parfaitement calme et maître de lui. Il sourit au miroir, elle sera fidèle au rendez-vous. Ce matin, il sait qu’il va s'offrir cette fille innocente qui ne lui résistera pas...

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • One-Shot

    Mechanical dance
    Les garçons se déchirent à la Téquila
    T’es qui l’amor ? La mort de ma vie !
    Les filles s’enfilent entre 2 verres de Vodka
    Mechanical lovers

    Avec ses yeux de feu
    Il est le phénix de la piste
    A la recherche de la proie facile
    Il pille les filles
    Corps et âme en peine
    En panne d’amour

    Il s’approche d'elle
    L'entraîne sur la piste aux étoiles
    Ses yeux percent les siens
    Au rythme de la musique
    2 corps entrent en transe
    Se rencontrent, se cherchent
    Elle lui sourit
    Il récite sa leçon sans émotion
    Ce soir tout est nick-elle
    Le one-shot parfait

    Il embrasse ses lèvres
    Recherche sa langue
    Elle la lui livre
    La fille est une bonne élève
    Il susurre quelques mots dans le creux de son oreille
    Elle éclate de rire
    Non...non...non!
    Ses yeux pétillent
    Elle est heureuse
    Oui lâche-t-elle à l'envie

    Mechanical dance
    Garçon habile cherche fille docile
    Les filles s’enfilent entre 2 verres de Vodka
    Garçon arrangeant cherche fille accommodante
    Méchanical lovers

    Il la mène aux toilettes

    Mechanical dance au rythme de la musique
    Combien de filles embrassées
    De seins empoignés
    De culottes baissées calotte retroussée
    Il se conduit comme un sadique
    Addicted to love
    Avide de baiser, à vide de baisers
    Mechanical lovers

    La fille glisse le long de son torse
    prends l’engin entre ses dents
    Joue de la langue
    Fellation, fais attention
    Plonge au plus profond
    jusqu'au tréfonds
    De la jouiss... Coup de cisaille!
    One-Shot fatal...

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.












  • Le bar de la Marine

    Ce matin au bar de la Marine
    Tout de blanc vêtue
    Telle une apparition céleste
    tu t'es approchée de moi.
    Le soleil irradiait ton visage
    Illuminait ton regard
    Embrasait ton sourire.

    Je ne te connais pas ma belle
    Ton sourire brille de ce bonheur si rare
    Tes yeux pétillent la vie.
    Tu t'es rapprochée à une portée de mots
    Tu m'as demandé ce que je désirais
    2 cafés t'ai-je répondu enjoué
    A ton étonnement j'ai ajouté j'attends mon amie
    Je les apporterai quand elle arrivera m'as-tu lancé d'un clin d'oeil.

    Ce matin au bar de la Marine tout est douceur
    Le soleil inonde la terrasse du café
    Au loin le ressac de mer
    Au loin le cri des mouettes
    file ma migraine de vie
    L'air est si léger
    Le temps si futile.

    L'humeur se fait belle
    Je t'ai aperçue
    Ton regard illumine le mien
    Ton sourire effleure mes lèvres
    Ta voix caresse de mille écumes mon échine
    Ton visage s'oublie dans mes pensées.

    Ce matin au bar de la Marine
    Tu m'es apparue
    Tout de blanc vêtue
    Le temps a filé entre-temps
    Tu as posé les deux cafés sur la table
    L'air si léger
    Tu t'es assise à mes côtés...

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Il y a des matins

    Il y a des matins où le réveil ne sonne pas. Mais intuitivement tu sens que cela n’a pas d’importance, que le temps semble avoir suspendu son décompte. Tu te retrouves seul devant ton café, le regard hagard des vagues à l’âme. Ton amie la télévision, ne diffuse pas les tonitruantes breaking news dont tu t’abreuves goulûment les matins de stress, elle reste muette, remisée dans son coin. Un bref moment, que tu chasses d’un clignement de paupière, tu t’interroges sur ce que tu as fait de ta vie, mais tes yeux n’arrivent plus à couler. Tu devines que ta vie fiche le camp, t’échappe, mais tu ne fais rien pour la retenir, pour ne pas être aspiré dans cette spirale sans fond qui irrésistiblement t'attire.

    Il y a des matins où même le bus ne s’arrête pas et te renvoie à ce que tu es, dans les bas-côtés. Mais désormais plus rien n’a d’importance, le temps a suspendu son outrageux vol. Seul le bruit de tes pas sur le macadam te rassure. Tu te laisses gagner par la douce volupté des senteurs matutinales, ton esprit se perfore, tu t’évapores. Tu es libre comme l’air, plus léger même, tu n'es rien, tu n'existes plus...Au loin il y a cette belle inconnue qui remonte la rue, comme le cours de sa vie, pendant que toi, tu la redescends. Ton regard va croiser le sien, le dernier espoir de se raccrocher à lui, de ramener la balance à l'équilibre. Mais toi, ton seul désir est de te noyer dans le bleu profond de ses yeux. Destins croisés...

    Il y a des matins où tu comprends que tout est fini, que plus rien n’aura d’emprise sur toi. Le train est à l’heure pour une fois. Le cri strident du signal de fermeture des portes déchire le bruissement des conversations et te fait grimacer. Le temps a repris son décompte inexorable. Où es-tu MonsterJack? Les gens autour de toi s'affairent, les jeunes titillent leur téléphone mobile, quelques costards pianotent sur le clavier de leur ordinateur portable, d'autres encore commencent leur nuit, la plupart lisent gratuitement. Tu les observes incrédule, tous fourbissent leurs coutumières affaires de travail, qui de l'attaché-case, du cartable, du sac à dos, du sac en bandoulière...Qui es-tu MonsterJack? Toi aussi, regarde, tu as un cartable sur les genoux! Tu vas bosser...

    Gare de Lyon? Mince! J'ai laissé filer la station. Quelle heure est-il? Quel con! je n'ai pas pris ma montre. Je vais être en retard au boulot, fait chier! Je vais rater le début de la réunion DRH du big boss... Putain de temps!

     

    Jack O. Monster, © 2007, tous droits réservés.