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nouvelle - Page 4

  • Une brève rencontre

    Paris, un matin, je me retrouve à déambuler le long d’une grande avenue dont les façades, trop souvent,  se confondent avec la grisaille persistante du ciel. Sans trop savoir pourquoi je n’ai emprunté l’habituel bus, je marche, à la recherche du grain de folie qui agrémenterait mon existence, quelque peu maussade, de quelques touches d'allégresse, me permettrait ainsi de m’ébaudir à la vue d’une flopée de ballons de baudruche multicolores crevant le plafond bas de mon horizon ou, mieux encore, de m’enthousiasmer des improbables impacts laissés sur le macadam par des bombes, non pas d’eau mais de peinture, jetées du haut des grandes fenêtres des immeubles bourgeois.
    Déjà défilent, à la lueur des lucarnes dressées sur les toits en zinc, les ombres chancelantes des lève-tôt, alors qu’aux étages, les grandes fenêtres majestueuses, telles des vitrines de Noël de grands magasins laissant leurs automates livrés à eux-mêmes avant le bruyant déferlement des enfants, tardent encore à livrer aux regards curieux la quotidienneté de la vie de leurs habitants.


    De son reflet, je préfère ne garder que l’esquisse de son visage qui tente de s’esquiver de ma mémoire, ne voir, du mouvement de ses mains astiquant le carreau, qu'un dernier geste d'adieu. J'aimerais attraper sa bouche qui me sourit en m'apercevant en train de l'observer et rire avec elle, un bon coup, une bonne fois. Elle s'amuse, trace de grands cercles imaginaires avec ses bras, grimace, éclate de rire. Trois secondes de complicité valent parfois plus que l'éternité d'une vie...et de la mort.


    La mort, furtif coup d'œil à ma montre, qui tue ce moment magique, mes talons qui se tournent, et l'enterre définitivement au rayon des souvenirs agréables mais inaccessibles, mes pas qui soudainement se hâtent...la fuite. La fuite en avant ! Derrière mon dos, une fenêtre s'ouvre, une voix  m'apostrophe : "Hey!" Je suis déjà loin, trop loin pour...revenir! Je me retourne et je la vois enfin distinctement, vêtue de son unique robe, courte, vert électrique, montée sur la pointe de ses ballerines assorties, du haut de son escabeau, penchée dans le vide qui s’écrie : "Attendez-moi, je vous accompagne!"


    Pourquoi pas, grain de folie, un immense plaisir qui remonte lentement, le craquement définitif d’un drame qui se noue, délicieusement des orteils à la pointe des cheveux, le saut de l’ange, l’envie irrésistible de crier de joie, un cri qui transperce les tympans, le bien être qui s'empare du corps, une vie qui bascule, la vie qui s’envole, sur l’asphalte noir. Le silence… Le temps qui semble hésiter, puis une petite tache rouge qui perle sur l'étoffe verte, qui grossit à vue d'œil sans que rien ne puisse l'arrêter...

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Le retour

    Ne le dérangez pas, ne lui parlez pas, laissez-le, seul. Il n'est plus en état d'être avec vous. Il est simplement ailleurs, perdu dans ses pensées. Ne lui posez pas de questions, il ne pourrait y répondre. Il ne veut pas parler, il ne le peut pas. Votre vie n'a plus d'intérêt pour lui. Il ne fait que penser, repenser à tout ce qu'il vient de vivre. Moments merveilleux qui n'ont qu'un temps dans la réalité, inépuisables dans sa pensée.
    Il revient de vacances, son esprit l'est encore. Ne lui adressez pas la parole, vous pourriez le troubler, le tuer, comme le somnambule réveillé dans son échappée. Laissez-le vivre sa pensée. Son présent n'a de réalité que dans le passé. Chaque minute qui s'écoule lui renvoie un souvenir. Cessez de l'interroger, de lui faire violence. Gardez votre agressivité, il ne peut vous voir, vous entendre. Ne pensez pas que cela va passer, comme toute crise. Vous n'en savez rien, ne pouvez le comprendre.
    Il est dans un autre monde, dont un jour on finit par ne plus revenir. Ancré à cette vie, vous n'êtes que des ombres passantes, chancelantes à ses yeux. Il ne décripte plus votre langage - l'a-t-il déjà réellement compris? Votre rythme n'est pas le sien. Vous fréquentez les mêmes endroits, les mêmes places, mais il ne s'y attache pas. Son univers est dans sa tête, plus réel que le vôtre, moins factice, plus vrai. Vrai.

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Dernière ligne droite

    Une dernière ligne droite ensoleillée, bordée de champs qui fument au petit matin. Dressé en son milieu, l’arrêt de bus n’a guère de succès, juste une fidèle que chaque matin je croise. Les brumes matinales tendent à s’estomper. La belle inconnue est exacte à son rendez-vous. Comme chaque matin, elle attend stoïque son bus.

    Fallait pas. Il ne fallait pas monter dans cette voiture...Elle a stoppé à sa hauteur. La vitre s’est abaissée. Un homme lui a dit : - Tous les matins je passe et je vous vois plantée là. Vous allez sur Chaimbourg ? Montez !

    Un large sourire illumine le visage de la fille. La portière se déverrouille, elle l’entrouvre, penche son frêle corps pour pénétrer dans l’habitacle, une main saisit la poignée et la rabat dans le claquement étouffé des modèles haut de gamme. La voiture redémarre en souplesse.
    L’homme arbore un sourire satisfait. Il est vêtu élégamment d’un costume cravate chemise. Il semble détendu, son calme rassure. A travers le pare-brise, on les voit échanger quelques mots, les visages se tournent l’un vers l’autre, les regards se rencontrent de temps à autres. La fille est radieuse, ses yeux pétillent de malice, sa bouche esquisse de larges sourires.

    La voiture me croise, je la suis du regard et je me retourne pour la voir disparaître à l’horizon. Un sentiment de désespoir m’envahit, un vide sans fond s’installe. Je me dis que je ne reverrai jamais le cuivre de sa peau, le vert limpide de ses yeux, la longue chevelure noire ondulant sur ses délicates épaules, tant de reflets qui savaient m'émouvoir.
    Je me retrouve seul sur la route. Le poétique décor champêtre perd subitement de son charme désuet. Cette route redevient ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : longue, dénudée et ennuyeuse. La fraîcheur matinale passe à travers les rayons encore juvéniles du soleil et me ronge les os.

    Il ne fallait pas monter dans cette voiture, jeune fille ! Un instant de Paradis pour une éternité d'Enfer. Plus jamais tu ne pourras voir un homme comme tu l’envisageais auparavant. Saloperie de mecs qui pillent les filles, souillent leurs corps et laissent leurs dépouilles sur le bas-côté des routes. Elles perdent tout, honneur, dignité, identité et, quand ce n’est pas leur vie, elles sont condamnées à vivre avec cette infamie. Saloperie de société qui laisse faire, qui favorise l’irrespect des sexes.

    L’homme vient de se payer une fille. Il a sillonné tout le secteur au volant de sa quelconque voiture jusqu'à la repérer. Patiemment il a attendu son heure. C’est le jour! Il se rase devant la glace. Il est serein, la veille il a volé une belle voiture. Il a délaissé le rasoir électrique au profit d'un modèle mécanique et vérifié que ses mains ne tremblent pas. Pas de coupures, pas de soucis, il est parfaitement calme et maître de lui. Il sourit au miroir, elle sera fidèle au rendez-vous. Ce matin, il sait qu’il va s'offrir cette fille innocente qui ne lui résistera pas...

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • One-Shot

    Mechanical dance
    Les garçons se déchirent à la Téquila
    T’es qui l’amor ? La mort de ma vie !
    Les filles s’enfilent entre 2 verres de Vodka
    Mechanical lovers

    Avec ses yeux de feu
    Il est le phénix de la piste
    A la recherche de la proie facile
    Il pille les filles
    Corps et âme en peine
    En panne d’amour

    Il s’approche d'elle
    L'entraîne sur la piste aux étoiles
    Ses yeux percent les siens
    Au rythme de la musique
    2 corps entrent en transe
    Se rencontrent, se cherchent
    Elle lui sourit
    Il récite sa leçon sans émotion
    Ce soir tout est nick-elle
    Le one-shot parfait

    Il embrasse ses lèvres
    Recherche sa langue
    Elle la lui livre
    La fille est une bonne élève
    Il susurre quelques mots dans le creux de son oreille
    Elle éclate de rire
    Non...non...non!
    Ses yeux pétillent
    Elle est heureuse
    Oui lâche-t-elle à l'envie

    Mechanical dance
    Garçon habile cherche fille docile
    Les filles s’enfilent entre 2 verres de Vodka
    Garçon arrangeant cherche fille accommodante
    Méchanical lovers

    Il la mène aux toilettes

    Mechanical dance au rythme de la musique
    Combien de filles embrassées
    De seins empoignés
    De culottes baissées calotte retroussée
    Il se conduit comme un sadique
    Addicted to love
    Avide de baiser, à vide de baisers
    Mechanical lovers

    La fille glisse le long de son torse
    prends l’engin entre ses dents
    Joue de la langue
    Fellation, fais attention
    Plonge au plus profond
    jusqu'au tréfonds
    De la jouiss... Coup de cisaille!
    One-Shot fatal...

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.












  • Le bar de la Marine

    Ce matin au bar de la Marine
    Tout de blanc vêtue
    Telle une apparition céleste
    tu t'es approchée de moi.
    Le soleil irradiait ton visage
    Illuminait ton regard
    Embrasait ton sourire.

    Je ne te connais pas ma belle
    Ton sourire brille de ce bonheur si rare
    Tes yeux pétillent la vie.
    Tu t'es rapprochée à une portée de mots
    Tu m'as demandé ce que je désirais
    2 cafés t'ai-je répondu enjoué
    A ton étonnement j'ai ajouté j'attends mon amie
    Je les apporterai quand elle arrivera m'as-tu lancé d'un clin d'oeil.

    Ce matin au bar de la Marine tout est douceur
    Le soleil inonde la terrasse du café
    Au loin le ressac de mer
    Au loin le cri des mouettes
    file ma migraine de vie
    L'air est si léger
    Le temps si futile.

    L'humeur se fait belle
    Je t'ai aperçue
    Ton regard illumine le mien
    Ton sourire effleure mes lèvres
    Ta voix caresse de mille écumes mon échine
    Ton visage s'oublie dans mes pensées.

    Ce matin au bar de la Marine
    Tu m'es apparue
    Tout de blanc vêtue
    Le temps a filé entre-temps
    Tu as posé les deux cafés sur la table
    L'air si léger
    Tu t'es assise à mes côtés...

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Il y a des matins

    Il y a des matins où le réveil ne sonne pas. Mais intuitivement tu sens que cela n’a pas d’importance, que le temps semble avoir suspendu son décompte. Tu te retrouves seul devant ton café, le regard hagard des vagues à l’âme. Ton amie la télévision, ne diffuse pas les tonitruantes breaking news dont tu t’abreuves goulûment les matins de stress, elle reste muette, remisée dans son coin. Un bref moment, que tu chasses d’un clignement de paupière, tu t’interroges sur ce que tu as fait de ta vie, mais tes yeux n’arrivent plus à couler. Tu devines que ta vie fiche le camp, t’échappe, mais tu ne fais rien pour la retenir, pour ne pas être aspiré dans cette spirale sans fond qui irrésistiblement t'attire.

    Il y a des matins où même le bus ne s’arrête pas et te renvoie à ce que tu es, dans les bas-côtés. Mais désormais plus rien n’a d’importance, le temps a suspendu son outrageux vol. Seul le bruit de tes pas sur le macadam te rassure. Tu te laisses gagner par la douce volupté des senteurs matutinales, ton esprit se perfore, tu t’évapores. Tu es libre comme l’air, plus léger même, tu n'es rien, tu n'existes plus...Au loin il y a cette belle inconnue qui remonte la rue, comme le cours de sa vie, pendant que toi, tu la redescends. Ton regard va croiser le sien, le dernier espoir de se raccrocher à lui, de ramener la balance à l'équilibre. Mais toi, ton seul désir est de te noyer dans le bleu profond de ses yeux. Destins croisés...

    Il y a des matins où tu comprends que tout est fini, que plus rien n’aura d’emprise sur toi. Le train est à l’heure pour une fois. Le cri strident du signal de fermeture des portes déchire le bruissement des conversations et te fait grimacer. Le temps a repris son décompte inexorable. Où es-tu MonsterJack? Les gens autour de toi s'affairent, les jeunes titillent leur téléphone mobile, quelques costards pianotent sur le clavier de leur ordinateur portable, d'autres encore commencent leur nuit, la plupart lisent gratuitement. Tu les observes incrédule, tous fourbissent leurs coutumières affaires de travail, qui de l'attaché-case, du cartable, du sac à dos, du sac en bandoulière...Qui es-tu MonsterJack? Toi aussi, regarde, tu as un cartable sur les genoux! Tu vas bosser...

    Gare de Lyon? Mince! J'ai laissé filer la station. Quelle heure est-il? Quel con! je n'ai pas pris ma montre. Je vais être en retard au boulot, fait chier! Je vais rater le début de la réunion DRH du big boss... Putain de temps!

     

    Jack O. Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Les mots de mon amie

    Vous ai-je déjà parlé de mon amie? D'elle, je ne connais que ses mots. Des mots venus de si loin que je ne sais d'où ils viennent. Ils sont tellement encrés en moi que je pourrais vous les réciter un à un et vous les ré-écrire dans l'ordre. De loin en loin, ils arrivent par e-mail et se mettent à chanter dès le premier couplet.
    Mon amie, je ne l'ai jamais croisée que par les mots. Je n'ai jamais rien vécu avec elle, pas même quelques secondes d'éternité terrestre, mais je partage ses non-dits ou plutôt ses non-écrits, ses mots à demi-gommés, tout à la fois présent, passé, parfois composé quand la mémoire se fait défaillante.

    Mon amie écrit comme elle respire. Son souffle délicat effleure mon visage, joue avec les mèches rebelles de mes cheveux, emplis mes yeux d'un voile tour à tour de tristesse, de gaieté, d'émotion, ébranle l'incontrôlable  rétro-projecteur greffé sur ma cervelle et illumine le plasma oculaire de mon esprit de ses mots au long cours.

    Elle est comme ça mon amie, belle, d'une beauté inconnue, d'une couleur indéfinissable. Elle vit nulle part, même pas ailleurs.
    Ah, elle est revenue! Elle a laissé quelques mots sur l'écran de l'ordinateur. Qui les a écrits? Elle ou moi? Quelle importance...

    Jack O. Monster, © 2007, tous droits réservés

  • Coup de griffes

    Le week-end dernier, je me suis attaqué à la haie de thuyas qui entoure le jardin de la maison. Il faisait beau et très chaud. Je n'avais pas envie de le faire. Ça fait chier! Je serais bien allé à la mer, à marcher pieds nus sur le sable mouillé par le va et vient des vagues. Tiens à Deauville, à regarder les vieilles bourgeoises, toute orfèvrerie dehors, caqueter sur les planches face au casino."Mais si, mais si, très chère, je vous l'assure, mon époux le disait encore ce matin au petit déjeuner. Il l'a lu dans le journal. N'est-ce pas Grégoire?" Mais il est où Grégoire? Jamais là quand il faut les maris! Ah ça y est, je le vois! Il est là bas, debout sur le promontoire qui longe la promenade, scrutant l'horizon. Un vrai gamin, je vous le dis! Monsieur est en train de surveiller ses rejetons qui s'ébrouent au loin dans l'eau, car la mer se perd à perte de vue à cette heure de la journée.


    J'ai pas envie! Mais bon, j'allais pas la laisser comme ça la haie! Toute hirsute! Abandonnée depuis...je ne m'en souviens pas, Longtemps! Cent mètres de haie, ça vous dit? Bon, allez, assez causé, faut s'y coller! Je suis monté dans la chambre et j'ai ouvert la vieille armoire en bois massif, même pas mitée. La porte à couiner...oui je sais, faut que j'y fasse quelque chose. Une prochaine fois! J'ai pris le tee-shirt le plus pourri que j'ai trouvé et je suis descendu à la cave chercher le taille-haie.


    J'y ai passé un temps infini à tailler cette putain de haie. Mais là c'est mieux, c'est pas parfait, non, on voit que c'est artisanal! Je sue sang et eau. Vous auriez dû me voir les bras ensanglantés, par des dizaines de griffures, qui vont de la micro-coupure à la franche entaille. On ne peut même pas les compter tellement il y en a! J'ai dû y aller un peu fort, me battre trop vigoureusement contre ses branches acérées, à cette haie. Voilà le résultat, mais même pas mal! Enfin on verra tout à l'heure avec le désinfectant. Ça sera une autre histoire, pour sûr.


    Là au moment où j'écris, je contemple la multitude de croûtes qui se sont invitées sur mes bras. C'est pas joli à voir, enfin ça dépend, on peut aimer. En tout cas c'est impressionnant, oui on peut dire ça, vrai!
    Mais ce ne sont pas toutes ces griffures qui me font mal. Non. Elles, je m'en fiche! C'est le dernier coup de griffe de cette femme, Alexandra. Il n'a pas déchiré ma peau. Non, il n'y avait plus de place! Mais il a égratigné mon coeur rougeoyant à jamais...

    Jack O. Monster, © 2007, tous droits réservés