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jack o. monster

  • Il y a des matins

    Il y a des matins où le réveil ne sonne pas. Mais intuitivement tu sens que cela n’a pas d’importance, que le temps semble avoir suspendu son décompte. Tu te retrouves seul devant ton café, le regard hagard des vagues à l’âme. Ton amie la télévision, ne diffuse pas les tonitruantes breaking news dont tu t’abreuves goulûment les matins de stress, elle reste muette, remisée dans son coin. Un bref moment, que tu chasses d’un clignement de paupière, tu t’interroges sur ce que tu as fait de ta vie, mais tes yeux n’arrivent plus à couler. Tu devines que ta vie fiche le camp, t’échappe, mais tu ne fais rien pour la retenir, pour ne pas être aspiré dans cette spirale sans fond qui irrésistiblement t'attire.

    Il y a des matins où même le bus ne s’arrête pas et te renvoie à ce que tu es, dans les bas-côtés. Mais désormais plus rien n’a d’importance, le temps a suspendu son outrageux vol. Seul le bruit de tes pas sur le macadam te rassure. Tu te laisses gagner par la douce volupté des senteurs matutinales, ton esprit se perfore, tu t’évapores. Tu es libre comme l’air, plus léger même, tu n'es rien, tu n'existes plus...Au loin il y a cette belle inconnue qui remonte la rue, comme le cours de sa vie, pendant que toi, tu la redescends. Ton regard va croiser le sien, le dernier espoir de se raccrocher à lui, de ramener la balance à l'équilibre. Mais toi, ton seul désir est de te noyer dans le bleu profond de ses yeux. Destins croisés...

    Il y a des matins où tu comprends que tout est fini, que plus rien n’aura d’emprise sur toi. Le train est à l’heure pour une fois. Le cri strident du signal de fermeture des portes déchire le bruissement des conversations et te fait grimacer. Le temps a repris son décompte inexorable. Où es-tu MonsterJack? Les gens autour de toi s'affairent, les jeunes titillent leur téléphone mobile, quelques costards pianotent sur le clavier de leur ordinateur portable, d'autres encore commencent leur nuit, la plupart lisent gratuitement. Tu les observes incrédule, tous fourbissent leurs coutumières affaires de travail, qui de l'attaché-case, du cartable, du sac à dos, du sac en bandoulière...Qui es-tu MonsterJack? Toi aussi, regarde, tu as un cartable sur les genoux! Tu vas bosser...

    Gare de Lyon? Mince! J'ai laissé filer la station. Quelle heure est-il? Quel con! je n'ai pas pris ma montre. Je vais être en retard au boulot, fait chier! Je vais rater le début de la réunion DRH du big boss... Putain de temps!

     

    Jack O. Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Coup de griffes

    Le week-end dernier, je me suis attaqué à la haie de thuyas qui entoure le jardin de la maison. Il faisait beau et très chaud. Je n'avais pas envie de le faire. Ça fait chier! Je serais bien allé à la mer, à marcher pieds nus sur le sable mouillé par le va et vient des vagues. Tiens à Deauville, à regarder les vieilles bourgeoises, toute orfèvrerie dehors, caqueter sur les planches face au casino."Mais si, mais si, très chère, je vous l'assure, mon époux le disait encore ce matin au petit déjeuner. Il l'a lu dans le journal. N'est-ce pas Grégoire?" Mais il est où Grégoire? Jamais là quand il faut les maris! Ah ça y est, je le vois! Il est là bas, debout sur le promontoire qui longe la promenade, scrutant l'horizon. Un vrai gamin, je vous le dis! Monsieur est en train de surveiller ses rejetons qui s'ébrouent au loin dans l'eau, car la mer se perd à perte de vue à cette heure de la journée.


    J'ai pas envie! Mais bon, j'allais pas la laisser comme ça la haie! Toute hirsute! Abandonnée depuis...je ne m'en souviens pas, Longtemps! Cent mètres de haie, ça vous dit? Bon, allez, assez causé, faut s'y coller! Je suis monté dans la chambre et j'ai ouvert la vieille armoire en bois massif, même pas mitée. La porte à couiner...oui je sais, faut que j'y fasse quelque chose. Une prochaine fois! J'ai pris le tee-shirt le plus pourri que j'ai trouvé et je suis descendu à la cave chercher le taille-haie.


    J'y ai passé un temps infini à tailler cette putain de haie. Mais là c'est mieux, c'est pas parfait, non, on voit que c'est artisanal! Je sue sang et eau. Vous auriez dû me voir les bras ensanglantés, par des dizaines de griffures, qui vont de la micro-coupure à la franche entaille. On ne peut même pas les compter tellement il y en a! J'ai dû y aller un peu fort, me battre trop vigoureusement contre ses branches acérées, à cette haie. Voilà le résultat, mais même pas mal! Enfin on verra tout à l'heure avec le désinfectant. Ça sera une autre histoire, pour sûr.


    Là au moment où j'écris, je contemple la multitude de croûtes qui se sont invitées sur mes bras. C'est pas joli à voir, enfin ça dépend, on peut aimer. En tout cas c'est impressionnant, oui on peut dire ça, vrai!
    Mais ce ne sont pas toutes ces griffures qui me font mal. Non. Elles, je m'en fiche! C'est le dernier coup de griffe de cette femme, Alexandra. Il n'a pas déchiré ma peau. Non, il n'y avait plus de place! Mais il a égratigné mon coeur rougeoyant à jamais...

    Jack O. Monster, © 2007, tous droits réservés