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  • Ces notes de piano

    Ces notes de piano qui sonnent dans l'abîme de tes nuits
    Et s'abîment dans les ténèbres de ta vie évidée de ses sens
    Dans le reflet du miroir, frêle créature qui s'efface
    Renvoie l'image effritée du temps où tu existais
    Où l'espérance n'était pas la sœur jumelle du désespoir


    Ces notes qui déjà ne t’appartiennent plus
    Qui à chaque boucle te fuient un peu plus
    Pour ne les perdre tu retiens ton souffle
    Pour ne périr tu cesses de respirer
    Pour ne pas mourir
    C'est tout ce qui reste de toi


    Dans la pénombre sombre ta vie
    En émoi l'émotion noire se noie
    En toi le démon te dépouille
    Entreprend son long travail de dépeçage
    Découpe savamment ta cervelle en lamelles
    Dérobe ta peau qu'il plaque sur son corps
    Mise à nu avant ta mise à mort


    A travers le prisme numérique
    Tu ne te possèdes plus
    Désincarnée, abandonnée, laissée
    Sensible, pathétique, absolue
    Nue tu es belle


    Collectionneur d'émotions
    Il ramasse les miettes de ton œuvre méconnue
    Recolle les morceaux éparpillés sur la toile
    Raccorde les mots ânonnés de tes phrases musicales
    Rejoue les quelques notes de piano qui l'accompagneront un moment


    En toi il s'est éveillé et te bouffe de l'intérieur
    Roule la larme sur ta joue où brille son reflet
    Pleure mon amie, vide-toi et meurt
    De ta fleur fanée naîtra un nouvel être
    Qui mènera à bien ta vie
    Te protégera de toi
    Et te prendra

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.

  • Dernière ligne droite

    Une dernière ligne droite ensoleillée, bordée de champs qui fument au petit matin. Dressé en son milieu, l’arrêt de bus n’a guère de succès, juste une fidèle que chaque matin je croise. Les brumes matinales tendent à s’estomper. La belle inconnue est exacte à son rendez-vous. Comme chaque matin, elle attend stoïque son bus.

    Fallait pas. Il ne fallait pas monter dans cette voiture...Elle a stoppé à sa hauteur. La vitre s’est abaissée. Un homme lui a dit : - Tous les matins je passe et je vous vois plantée là. Vous allez sur Chaimbourg ? Montez !

    Un large sourire illumine le visage de la fille. La portière se déverrouille, elle l’entrouvre, penche son frêle corps pour pénétrer dans l’habitacle, une main saisit la poignée et la rabat dans le claquement étouffé des modèles haut de gamme. La voiture redémarre en souplesse.
    L’homme arbore un sourire satisfait. Il est vêtu élégamment d’un costume cravate chemise. Il semble détendu, son calme rassure. A travers le pare-brise, on les voit échanger quelques mots, les visages se tournent l’un vers l’autre, les regards se rencontrent de temps à autres. La fille est radieuse, ses yeux pétillent de malice, sa bouche esquisse de larges sourires.

    La voiture me croise, je la suis du regard et je me retourne pour la voir disparaître à l’horizon. Un sentiment de désespoir m’envahit, un vide sans fond s’installe. Je me dis que je ne reverrai jamais le cuivre de sa peau, le vert limpide de ses yeux, la longue chevelure noire ondulant sur ses délicates épaules, tant de reflets qui savaient m'émouvoir.
    Je me retrouve seul sur la route. Le poétique décor champêtre perd subitement de son charme désuet. Cette route redevient ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : longue, dénudée et ennuyeuse. La fraîcheur matinale passe à travers les rayons encore juvéniles du soleil et me ronge les os.

    Il ne fallait pas monter dans cette voiture, jeune fille ! Un instant de Paradis pour une éternité d'Enfer. Plus jamais tu ne pourras voir un homme comme tu l’envisageais auparavant. Saloperie de mecs qui pillent les filles, souillent leurs corps et laissent leurs dépouilles sur le bas-côté des routes. Elles perdent tout, honneur, dignité, identité et, quand ce n’est pas leur vie, elles sont condamnées à vivre avec cette infamie. Saloperie de société qui laisse faire, qui favorise l’irrespect des sexes.

    L’homme vient de se payer une fille. Il a sillonné tout le secteur au volant de sa quelconque voiture jusqu'à la repérer. Patiemment il a attendu son heure. C’est le jour! Il se rase devant la glace. Il est serein, la veille il a volé une belle voiture. Il a délaissé le rasoir électrique au profit d'un modèle mécanique et vérifié que ses mains ne tremblent pas. Pas de coupures, pas de soucis, il est parfaitement calme et maître de lui. Il sourit au miroir, elle sera fidèle au rendez-vous. Ce matin, il sait qu’il va s'offrir cette fille innocente qui ne lui résistera pas...

     

    Jack Monster, © 2007, tous droits réservés.