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Station-service - La fin alternative d'Amicie - Part IV

Elle se lève en posant délicatement sa main sur mon épaule. Ce contact, si infime soit-il a éveillé en moi un désir insensé, celui de la posséder. Elle m’est inaccessible et pourtant…

Mon corps est submergé par une libido incontrôlable. Je ne suis plus maître de mes sens.

J’ai cette impression soudaine de n’être qu’un pion pour cette femme si mystérieuse. Ne suis-je pas à nouveau le sujet d’une étude expérimentale ? Et si tout était programmé ?

Il faut que je chasse ces idées de ma tête, que je me fasse une raison.

Elle m’a sauvé ce matin, c’est indéniable. Je dois lui faire confiance et la suivre aveuglement. Elle seule peut me tirer de là…

Elle sort un dossier jusqu’à présent dissimulé sous sa veste et me le tend…

Je m’en empare. Je souhaiterais l’ouvrir et en découvrir le contenu mais elle ne m’en laisse pas le temps. Elle gravit déjà les marches et je n’ai d’autres choix que de lui emboîter le pas…

J’ai la désagréable impression de tenir ma vie au creux de ma main, un ensemble de documents qui pourrait m’éclairer, me délivrer de la prison de l’oubli…

- Nous devons rejoindre la sortie de secours à l’Ouest au fond du bâtiment.

- Vous connaissez le chemin ?

- Oui, suivez-moi mais ne faites aucun bruit. Nous risquons d’être repérés. Nous devons progresser rapidement et discrètement à travers les couloirs. Ils doivent nous chercher à l’Est, nous avons peut-être une chance…

- A l’Est ? Pourquoi là bas ?

- Votre cellule était de ce côté-là. Taisez-vous à présent…

Nous remontons en silence l’escalier sinueux. Je la suis de près, je ne veux pas la perdre. Je sens que les prochaines minutes vont être décisives…

Je serre le dossier contre ma poitrine, sa valeur est inestimable.

Je reconnais la petite salle en haut : elle est vide, le silence règne. Je me risque à ouvrir la porte donnant sur le couloir…

- Nous devons retourner à l’embranchement où nous avons été bloqués. La sortie est par là-bas…

- Je n’ai pas d’autres choix que de vous faire confiance ! Je

- Silence !

Elle avance prudemment, à pas feutrés. Son sens de l’orientation me paraît soudain confus. Est-elle vraiment fiable ? Ne s’est-elle pas égarée ?

Elle semble sure d’elle tout à coup et s’élance vers la droite dans un couloir semblable à tant d’autres.

- Vous êtes sure de vous ?

- Taisez-vous insouciant ! S’ils nous trouvent…

De longs couloirs rectilignes et des dizaines de portes fermées sur l’inconnu défilent sous mes yeux au fur et à mesure que nous évoluons dans ce labyrinthe…

Je ne sais même plus depuis combien de temps nous avons quitté notre cachette. Notre expédition n’a pas de fin. Elle semble interminable…

Mes doigts se crispent sur la pochette, je suis terrifié à l’idée qu’une seule feuille puisse tomber. Je suis impatient de découvrir la vérité, celle qu’ils m’ont arrachée sans scrupules…

Je suis conscient à présent du danger qu’elle a prit en me délivrant. Je lui dois ma vie, celle qu’il me reste à travers ses pages…

Elle s’est arrêtée et me fait face. La panique se lit sur les traits de son visage. Son front s’est plissé, ses yeux ne brillent plus du même éclat.

Elle se mord la lèvre inférieure avec anxiété. Je la sens perplexe comme si une décision s’imposait dans la seconde.

J’aperçois alors le panneau tant attendu « sortie de secours » juste devant elle.

Je ne comprends pas, que fait-elle ? Elle hésite naïvement à poursuivre son chemin.

- Mes papiers…

- Ce sont les miens !

- Non pas ceux-là… j’ai oublié de prendre les miens ! Je dois y retourner. Ils me retrouveront sinon, ils me poursuivront. Je dois récupérer ce qui m’appartient. Ils ne doivent pas savoir où j’habite. Ma fille serait en danger, je ne peux pas les laisser faire…

- Vous êtes folles ! Ils ont certainement déjà pris possession de vos effets personnels. Quittons ces lieux rapidement tant que nous en avons la possibilité.

- Partez ! Fuyez, je dois y retourner.

- Jamais sans vous ! Vous m’avez sauvé aujourd’hui. Je ne vous laisserai pas vous jeter dans la gueule du loup Vassilia. Vous pourrez déménager avec votre fille, fuir la ville, le pays si besoin. Allons-y !

- Vous ne comprenez pas de quoi ils sont capables Vince…

- Vince… ?

- Partez ! Je les entends arriver…

Elle ouvre la porte avec fracas, la lumière du jour m’aveugle. J’entends des coups de sifflet derrière nous. Je lui lance un dernier regard la suppliant de m’accompagner mais elle reste devant la porte stoïque.

Le temps semble s’être arrêté l’espace d’un court instant. Ses yeux si doux, son corps frêle semblent soudain condamné à une mort certaine. Je suis bouleversé mais la peur l’emporte et je détale.

- Vous trouverez l’autoroute, droit devant ! Traversez la forêt, vous tomberez dessus dans un ou deux kilomètres... Bonne chance !

Ses dernières phrases hantent mon esprit. Je ne me suis pas retourné. J’ai atteint l’orée des bois. Je ne sais pas ce qu’ils lui ont fait. Je n’ai entendu aucun cri, aucune plainte…

Je suis couché derrière un tronc d’arbre, je n’entends aucun bruit. Personne ne semble m’avoir suivi. Je suis sauvé et pourtant…

 

(A suivre...)

Amicie, © 2008, tous droits réservés.

 

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