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Station-service - La fin alternative d'Amicie - Part V

Je me sens mal, je l’ai abandonnée, je l’ai laissée seule face à un danger auquel elle ne peut faire face. Ils vont la tuer, c’est inéluctable.

J’ouvre le dossier, la dernière chose qu’il me reste d’elle.

« Vince Thierry, 43 ans. Informaticien. Célibataire, sans enfant. Un homme sourit sur la photo. Il est bronzé, détendu… »

Je suis étranger à ma propre vie. Une adresse figure au dos, je ne la connais pas.

Un passeport, un permis de conduire… rien d’autre !

Cette identité me laisse froid, aucun souvenir ne me revient. Aucune émotion particulière ne m’a traversé.

Je ne me souviens plus ce que je faisais en Belgique, où j’allais en Espagne… Tout s’est effacé ! Je regarde à nouveau l’adresse : elle se situe à Paris. Quel est le rapport ? Je suis perdu, seul et anéanti.

 

Un bruissement me fait sursauter.

Une main glacée se place devant ma bouche et m’empêche de crier. Un bras m’attrape, un couteau glisse sous mon cou.

Ils m’ont retrouvé. Je suis peut-être déjà mort. Je n’ai pas été assez prudent. Ma curiosité aura été fatale.

 

- Qui est-vous ? Que faites-vous ici ? Répondez !

 

Il s’agit d’un homme. Il ne va pas tarder à appeler la brigade anesthésiante !

Je suis bloqué, aucune autre alternative ne s’offre à moi.

 

- Je ne sais même pas qui je suis, vous m’avez tout volé, vous avez détruit ma vie, espèce de …

- Chut ! Ne criez pas !

- Qu’est-ce que …

- Je vais retirer le couteau de votre gorge, ne bougez pas ou je vous tue !

 

Il lâche son emprise et retire la lame précipitamment. Je n’ose le regarder, mes membres se figent. Je le soupçonne de tout, sans pour autant pourvoir imaginer quoi que ce soit. Peu importe à présent. Je serai mort d’ici peu. Ils vont surgir de toute part et se jeter sur moi, me lyncher sans pitié et enterrer mon corps dans quelque endroit retiré.

Il me dévisage, je sens son regard se promener sur moi, pénétrer mes vêtements, agresser mon corps, pénétrer mon âme et s’enivrer de ma peur.

Il ne me menace plus à présent. Je regarde autour de moi, il est seul !

J’essaie d’élaborer un plan, chercher une issue…

Il faut que je trouve une arme, un bâton ou peu importe! Je dois me protéger.

 

- Calmez-vous ! Ne songez pas à me berner, vous n’avez aucune chance !

 

Il parle assurément. Il reste très calme, maître de son corps, de ses émotions. La situation ne semble pas l’effrayer. Pourtant le combat est égal. Il mesure moins d’1m80, sa carrure n’est pas impressionnante. J’ai mes chances, je dois seulement faire attention au couteau. Si j’arrive à m’emparer d’une pierre, d’un …

 

- Écoutez-moi, je crois que nous sommes dans la même situation vous et moi ! J’ai été interné au Château du Grand Air et je me suis échappé ou plus exactement, on m’a libéré !

- Vous ne m’aurez pas avec vos mensonges. Que lui avez-vous fait ? Est-elle encore vivante ? Dites-moi que vous ne l’avez pas tuée !

- De qui parlez-vous ?

- Vassilia ! Si vous avez touché un seul de ses…

- Vous êtes encore plus stupide que vous en avez l’air !

- Je ne vous permets pas ! Après tout ce que vous m’avez fait subir ! Comment osez-vous…

- Arrêtez de crier, je vous en prie ! Ils vont finir par nous repérer avec vos conneries !

- Qui ? Les patients ? Ils se sont échappés ?

- Et si vous me laissiez vous expliquer la situation au lieu de poser des questions inutiles ! Vous êtes très loin du compte !

- Très bien ! Parlez mais ne croyez pas que vous allez encore pouvoir me manipuler !

- Par où commencer ? Vassilia par exemple, Julia, Valérie ou peu importe. Ce sont des prête-noms ! Cette femme vous a piégé mon cher ! Mais soyez rassuré, je me suis laissé prendre à la supercherie également ! Sur le coup seulement ! J’ai été plus malin qu’eux, je n’ai pas suivi leur plan, j’ai…

- Je ne comprends rien ! Qui sont ces personnes Valérie … ?

- Ce sont la même personne ! Peu importe, elle était chargée de vous aider à vous échapper ! Vous êtes le sujet d’une étude expérimentale, comme je l’ai moi-même été. Ils s’intéressent au reclassement d’individus considérés comme dangereux.

- Vassilia… une traître ?

- Pire que ça mon vieux…

- Mais … ils nous poursuivaient, elle s’est fait prendre, peut-être a-t-elle été torturée ?

 

Un fou rire s’empara de l’individu. Se moquait-il de moi ? La peur laissa place à l’indignation puis la colère m’envahit. Je ne peux pas croire ce que ce fou me raconte. Il s’agit peut-être d’un patient en effet mais il est complètement dégénéré !

 

- Vassilia m’a sauvé ! Grâce à elle, je sais qui je suis à présent : Vince Thierry et je vais rentrer chez moi de ce pas !

 

Il éclate de rire, juste devant moi. Il ne cherche pas à se cacher. Il me défie par son arrogance.

 

- Je pars ! Vous êtes … dingue !

- Allez ou vous voudrez,  réussit-il à articuler entre deux spasmes ! Si cette vie vous convient, profitez-en bien M. Thierry ! Mais dîtes-moi… quelle ville vous a été attribuée ?

- Attribuée ?

- Oui ! Où êtes-vous censé habiter ?

- Je… à Paris…

- C’est une belle ville, vous avez de la chance. Ma pioche n’a pas été aussi bonne !

- Vous divaguez !

- N’insultez pas mon intelligence !

 

Il s’est mis à hurler soudainement. Cet homme est plus atteint que je ne le pensais. Il était euphorique quelques secondes auparavant. La peur me noue le ventre à nouveau. Il m’effraie, je suis désemparé, anéanti…

 

(A suivre...)

Amicie, © 2008, tous droits réservés.

 

 

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