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La tentation - 2

Alors, me reviennent en mémoire les longs trajets à pied parcourus en solitaire, à la sortie du collège pour rejoindre la gare, les jours sans bus ; la traversée de la vaste pelouse qui s’étendait à perte de vue entre les bâtiments hlm ; la douceur des après-midi des printemps tardifs. J’entends encore la plainte lointaine de sa voix éraillée quand j’accélérerais le pas afin qu’elle ne puisse me rejoindre, la mélodie heurtée de sa respiration essoufflée après sa course effrénée, mon cœur battre la chamade. Je nous revois côte à côte, marchant silencieux d’un pas titubant, elle à la recherche de son haleine et moi troublé par la révélation qu’il n’y aurait donc pas que les livres de classe pour nourrir ma jeunesse pubertaire. Elle m’avait questionné entre deux souffles, j’avais souri pour toute réponse. De ce jour, nous avions pris l’habitude de nous sourire.

De paroles en discussions, nous avions appris à nous connaître, de loyauté en confiance gagnée, à nous estimer, d’attentions en tendresse, à nous aimer. Rien ne pouvait interférer notre monde, notre repli sur soi, sur nous. Intensément ensemble, alors que dehors la vie reprenait son cours, ses droits, ses lois, son emploi du temps, son timing, ses activités, moi avec mes binocles et elle avec ses prétendants.

Elle se tient maintenant debout à quelques centimètres de moi accroupi. Elle porte des Converses rouges délavées, un slim en jean bleu clair, un tee-shirt blanc cassé. Elle s’accroupit, ses cheveux blonds raides comme des baguettes caressent mon bras. Un frisson parcourt ma peau, hérisse mes poils.

Je la revois une après midi, assise sur le canapé de mon deux pièces, pendant que je plaçais un vinyle sur la platine. Je m’étais installé à ses côtés pour écouter la musique. Elle avait placé son visage sur mon épaule et mon bras avait ceint son cou. Tandis que les notes de musique égrenaient le temps, le poids de son corps, toujours plus pressant, trahissait une certaine forme d’abandon. Ma main jouait avec ses cheveux, descendait et remontait lentement le long de son cou, hésitante, avant de s’emparer de son sein. Un léger frémissement avait parcouru son épiderme. Délicatement, mon pouce caressait son téton qui, à son contact, se durcissait. Je sentais à travers l’étoffe de ses vêtements la chaleur de son être blotti contre le mien. L’un dans l’autre nous étions bien. De temps à autre, nos lèvres chaudes et  humides se joignaient, nos langues se déliaient. Le bras du pick-up avait fini par se relever, la musique se taire. La réalité nous avait rattrapés à 18 heures. Elle devait rentrer, un caïd du sport l’attendait.

Jack Monster, © 2008, tous droits réservés.

Commentaires

  • Comme c'est romantique.. !!!
    premier amour ????
    celui qui ouvre les portes du paradis avant tant de tant de rêves ...

  • très jolie description de cet instant crucial et fort de la puberté dans ces découvertes des plaisirs, de l'attirance, des premiers battements de coeur fous d'amour ! Je vais à la suite....

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