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La tentation - 1

Plus sûrement que l’alarme du réveil, je suis réveillé à 4 heures du matin par une pensée si puissante qu’elle transperce les limbes songeuses de mon sommeil. Au bout de mes lèvres brûlantes, trois syllabes n’attendent que le signal d’un cri libérateur pour s’expulser : Vir-gi-nie ! Telle une évidence si visible qu’on finit par ne plus la voir, trop longtemps enfouie au plus profond de moi, elle ressort impérative ce jour si particulier où, dans quelques heures à peine, je franchirai à nouveau le seuil de mon enfance, par l’entremise du vide-grenier annuel de la ville qui me vit naître, vivre mes premières romances puis la délaisser à d’autres agréments, pour finir par l’abandonner, d’une manière que je croyais définitive.

« Je peux vous le faire à 5 euros si ce livre vous intéresse », me clame une voix juvénile qui ne m’est pas inconnue. Je relève la tête pour l’habiller d’un visage. Et là, je suis frappé de stupeur. Elle doit avoir moins d’une vingtaine d’années. Un soupçon d’effronterie émerge de la pureté cristalline de son beau regard bleu. Elle se tient là, celle qui toute ma vie, d’abord subrepticement puis maintenant de manière évidente, hante mes jours et mes nuits. Elle se retrouve face à moi, telle que je l’avais laissée il y a trente ans sur le quai de la gare. On s’était dit « à bientôt » pour faire comme si, mais chacun savait. La peine se reflétait dans la rougeur de nos yeux que nous n’arrivions pas à dissimuler. On ne se reverrait probablement pas, la cause à la mutation de son père en Australie.

« Je peux vous le laisser à 3 euros », me soutient-elle. Un instant, un sourire illumine son visage taché de rousseur, ce sourire qui, tant de fois, m’avait fait succomber. Elle me fixe droit dans les yeux. Se reflètent dans ses pupilles les images d’un passé révolu qui défilent posément, une aventure entre un binoclard anarchiste et la coqueluche des garçons de la bourgeoisie de l’ouest parisien, entre le rejeté et la chérie, entre deux univers qui ne pouvaient se rencontrer que sous la plume rêveuse d’un écrivain.

Jack Monster, © 2008, tous droits réservés.

Commentaires

  • Cher Monsterjack
    Je viens de soucrire à ton flux RSS afin de pouvoir suivre tes écrits, je réduis ma présence myspace au strict minimum. Je profite de ce commentaire pour te dire que j'ai été séduit à l'idée de continuer "la station-service" pendant quelques secondes et puis j'ai abandonné cette idée jugeant que nos styles étaient trop différents.
    J'aime bien le début de la tentation et je suis impatient de pouvoir lire la suite.
    Au plaisir de nos rencontres.
    Thierry

  • agréable le retour de ce cher monsieur ^^ toujours cette même petite note de jack ^^
    le plus intéressant c'est de voir de quelle façon tu arrives à nous présenter la chose tout en laissant au lecteur la possibilité d'imaginer certains détails. Tu nous livres un petit bijou et nous pouvons le parer selon les envies et c'est très plaisant.
    Ca y est nous sommes en route pour une nouvelle histoire, pas question de rater le train...
    Bonne soirée à toi, à très vite

  • Le destin réunit il toujours ceux qui se sont aimés et qu'il a séparés ?????

    Comme d'habitude notre coeur en te lisant se laisse emporter....

    A très bientôt ......

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