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La tentation - 4 (fin)

Soudainement le temps tourne à l’orage. Un impressionnant amoncellement de nuages monte en volute dans le ciel. Un éclair déchire l’horizon obscurci précédant le grondement auguste de la décharge électrique, la luminosité vacille, une brise tourbillonnante se lève et renverse les étalages dans un fracas de clameurs et de tintements divers. De tout endroit des papiers volettent en rangs désordonnés, toutes sortes d’objets, pas toujours identifiés, forment des rondes disparates qui s’élèvent en spirales précaires. Des cris de surprise, d’effarement, de panique grésillent à mon oreille. Brusquement des trombes d’eau s’abattent. Il n’y a plus rien à sauver, il est déjà trop tard. Tout est submergé.

Mon regard inquiet cherche la jeune fille. Je l’aperçois là, au milieu de la rue, figée, telle une figure de proue ébranlée par les bourrasques de la tempête, attendant je ne sais quoi, de larguer les amarres, fragile esquif sur le torrent de pluie qui dévale maintenant la rue.

Je l’empoigne par le bras. « Venez ! » Nous courrons péniblement à travers la désolation qui s’installe. Je ne sais où je la mène. Je sens ses doigts se cramponner fermement à ma main qu’elle n’est pas disposée à lâcher, comme une enfant apeurée qui craint que son sort en dépende. « là ! » me crie-t-elle.  D’un violent coup d’épaule, j’enfonce la grande porte vitrée d’un immeuble. Je reconnais immédiatement cette cage d’escalier. Je l’interroge du regard. Elle me sourit.

Ses cheveux ruissellent sur son visage. Ses vêtements détrempés épousent ses formes harmonieuses et la vêtissent d’une seconde peau transparente. L’image de ce dénuement morphologique m’attendrit. Elle semble si vulnérable. De légers tremblements la traversent, elle a froid. Je la recouvre de mon corps en l’enlaçant. Dans la chaleur humide de nos chairs, notre trouble s’émancipe.

Je dégage ma tête de ses épaules et la dévisage. Une gouttelette d’eau glisse lentement sur son front, emprunte l’arête de son nez, coule le long du sillon jusqu’à l’ourlet de ses lèvres, roule sur sa bouche, épouse le contour de son menton, dévale son cou, plonge dans l’échancrure de son tee-shirt et se perd entre ses seins. Mon regard s’arrête sur sa poitrine qui pointe. Mes mains, ma bouche la connaissent si bien, petite et ferme, elles l’ont tant saisie, caressée, câlinée.

Plus bas, mon corps réagit. Je relève la tête pour voir, au-delà de l’horizon bleu ciel de ses yeux, ses intensions, son trouble, son intimité. Une envie irrésistible d’embrasser ses lèvres m’embrase. Tout peut recommencer là, j’en suis convaincu, par ce simple geste d’affection, de désir. Mon visage se rapproche. Mes lèvres caressent son front, effleure son nez et s’apprêtent à succomber à la tentation. « Vous savez, du temps où ma mère était encore vivante, elle m’a beaucoup parlé de vous » me susurre-t-elle.

Au loin, déjà les rayons de soleil tentent de s’infiltrer entre les nuages. Un arc-en-ciel se dessine à l’horizon. Mes lèvres se rapprochent de sa bouche, hésitent.Virginie…

Jack Monster, © 2008, tous droits réservés.

 

Commentaires

  • j'ai tout lu d'un trait, j'ai tant aimé, mieux je me suis régalée!Merci pour ce texte troublant et sensuel, perdu entre souvenirs et présent...

  • De jolis souvenirs...Merci pour ce partage très charnel, mais aussi plein d'émotions si joliment décrites !

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