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  • Station-service - La fin alternative d'Amicie - Part VI et FIN

    - Je ne voulais pas… je…

     

    Je bafouille, je n’arrive pas à m’exprimer correctement. Et s’il disait la vérité ? Qui dois-je croire ?

     

    - Allez-vous-en ! Si c’est votre choix, dégagez ! Restez dans l’ignorance, faites donc ce qu’ils attendent de vous…

     

    Il s’est ressaisi. Il est détaché à présent. Il ne se soucie plus de moi, je ne l’intéresse plus.

     

    - Très bien, prouvez-moi ce que vous avancez !

     

    Je n’ai pas réfléchi, j’ai prononcé ces mots spontanément. Je veux comprendre, lever le rideau sur tous les mystères qui m’entourent. Je suis épuisé, vidé. Cet homme est peut-être le seul espoir de connaître la vérité…

     

    - Vous êtes du secteur rouge n’est-ce pas ?

    - Non, du vert je crois…

    - Vraiment ?

    - Oui secteur de mutation génétique !

    - C’est ce qu’ils vous ont dit ?!!

    - C’est faux ?

    - Certainement ! Mais peu importe, suivez-moi !

    - Où allons-nous ?

    - Dans la clinique, vous vouliez une preuve non ?

    - On ne va tout de même retourner là bas!

    - Pourquoi pas ! Vous savez après trente ans passés dans cet institut, je ne vais pas chipoter pour quelques minutes supplémentaires!

    - Mon Dieu … trente ans ?

    - Oh, je ne suis pas à une année près non plus. Je dois justement récupérer ma vie pour connaître les détails de mon incarcération. Ca ne vous fera pas de mal non plus de connaître votre véritable identité !

    - Comment êtes-vous arrivé ici ?

    - Je suis censé être mort à la naissance je crois… tout du moins j’imagine que c’est comme ça qu’ils s’y prennent.

    - Je suis arrivé ici il y a deux semaines. Je me suis arrêté dans la cantine, je croyais qu’il s’agissait d’une station service. Ils m’ont…

    - Qu’est-ce que vous racontez ? Si vous étiez en secteur vert, vous n’avez rien connu d’autre que cette clinique ! Vous avez été transféré il y a bien longtemps !

    - Non !

     

    Il se trompe. C’est une effroyable machination. Ils conspirent tous pour me rendre fou mais je ne céderai pas. Je sais dorénavant que je ne peux leur faire confiance, Vassilia, cet homme… tous !

    Je ne suis qu’un pantin qu’ils manipulent. Je dois être plus fort qu’eux, ils me sous-estiment. Je n’ai pas dit mon dernier mot. Ils se croient imbattable. Ils ont tort.

    Je vais les appâter, les laisser croire que je suis tombé dans leurs filets…

     

    - Où m’emmenez-vous ?

    - Je vais vous montrer ce qu’ils font dans cette clinique, les expériences qu’ils réalisent. Le cinéma sensoriel, vous connaissez ? Nous devons accéder au secteur Nord. Il faudra être discret. Ils doivent croire que nous sommes loin à présent. S’ils réalisent que nous les avons doublés, Dieu seul sait ce qu’ils nous feront…

    - Le cinéma sensoriel ?!

    - Écoutez-moi bien. Tout ce que vous pensez savoir est faux. Votre mémoire a été paramétrée, vos souvenirs ne sont qu’illusions… Ils vous ont créé une vie, un passé. Ils ont façonné votre cerveau ! Nous sommes inconnus aux yeux du monde, nous devons récupérer ce qui nous appartient ! Ils croyaient pouvoir nous reclasser, étudier nos comportements à l’extérieur mais je ne me soumettrai pas à leur autorité. Ils nous contrôlent depuis si longtemps… Oubliez votre station-service, c’est une belle fumisterie !

    - Quel rapport avec un quelconque cinéma ?

    - C’est une technique qu’ils emploient, ils vous placent devant un écran et les images qui défilent pénètrent votre cerveau. Vos souvenirs proviennent de là. Vous verrez sur place de vos propres yeux. Allons-y !

     

    Je pourrais courir, m’évader, le planter là et filer à travers les bois. Mais je m’apprête à suivre cet homme dans l’antre de mes cauchemars. Je ne suis même plus certain que ce soit réel. Et si cette journée n’était qu’une simulation devant un écran ? Je regarde autour de moi, tout paraît illusoire, superficiel…

    Je retourne sur mes pas en suivant cet inconnu et soudain je la vois…

     

    Elle est entourée de deux hommes, ils échangent des regards complices. Je peux entendre des éclats de rire à quelques mètres de moi. Un quatrième individu s’approche d’eux. Une poignée de main à chacun. Son sourire ne la quitte plus.

    Dissimulés derrière un petit muret de pierre, deux hommes les épient.

    C’était donc un traître… Cette salope m’a trahi et savoure sa victoire avec d’autres agents de la clinique. Je voudrais la tuer, l’étrangler de mes propres mains, sentir ses os se briser entre mes doigts…

     

    - Félicitation messieurs… Mademoiselle Peters, votre intervention était remarquable. Votre patient a franchi les épreuves avec succès. Vous le féliciterez de la part de toute l’équipe psychiatrique Château du Grand Air. Il est inoffensif à présent et prêt à réintégrer la société.

    - Merci monsieur. Mais il avait des dispositions. J’étais convaincue qu’il réussirait !

    - Vous avez été admirable mademoiselle. Monsieur Lionel… tout est en ordre ?

    - Oui Monsieur. Ces papiers sont prêts. Nous n’attendons plus que lui.

     

    L’homme à mes côtés parait comblé. Il avait raison, la fierté se lit sur son visage. Il était donc le seul à dire la vérité. Je balbutie un rapide « merci »…

    Il ne cesse de me regarder, il semble satisfait. Ses yeux étincellent, une lueur de folie s’en dégage et m’éblouit. Je détourne mon regard rapidement. Quelque chose ne va pas. Il ne me dit pas tout, je sens qu’un événement terrible va arriver.

     

    Elle est en face de moi, ses gardes du corps sont derrière elle. Elle porte un tailleur noir à présent. Une longue blouse blanche en guise de manteau.

    Je ne les ai pas vus approcher. Ils nous ont eus, nous sommes perdus. La panique s’empare de moi, je sens les larmes couler sur mes joues malgré moi. Nous étions si près du but, j’avais enfin démasqué les traîtres. J’aurais dû fuir alors qu’il en était encore temps. La vérité ne me servira plus à rien. Ils vont recommencer leur traitement, me conditionner à nouveau…

    Etrangement, il ne se passe rien. J’attends, impassible, qu’ils se jettent sur moi, m’empoignent et me rouent de coups. Je ne vois ni seringue, ni arme susceptible de m’obliger à les suivre.

    Mon acolyte se lève doucement, me tend une main ferme et m’invite à faire de même.

     

    - Vous vous sentez bien Monsieur ?

     

     

    Nous sommes au bord du gouffre et il se demande comment je vais. Ce type est réellement fou. Il ne songe pas un instant à fuir. Il parait résigné.

    Vassilia m’offre sa main à son tour…

     

    - Bonjour Monsieur. Nous vous devons une explication. Je me présente, je m’appelle Marie Peters, je suis votre médecin traitant.

    - …

    - Vous avez été admis ici dans le cadre d’une étude sur des patients atteints de déviances sexuelles. Vous avez accepté de suivre un nouveau traitement dans cette clinique.

    - …

    - Suivez-nous, nous allons tout vous expliquer…

    (Fin...)

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    Merci,

    MonsterJack

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