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La rencontre (PART II)

Le temps se distend indéfiniment en sa compagnie. Nulle unité de mesure ne semble encore faire foi. Un à un je détaille les nombreux grains de beauté qui l’embellissent et entreprends de les recenser : 1 sur la joue droite, 1 sur la narine, 1 au-dessus de la lèvre supérieure, 1 sur le menton, 1 à l’extrémité du nez, 1 sur la mâchoire gauche, 2 sur l’épaule droite, 1 sur l’avant bras, 1 sous l’aisselle gauche, 1 sur le bras intérieur, 1 sur le majeur, plusieurs en grappe sous le cou, 1 à la naissance du sein gauche, 1 centré proche de la poitrine, 1 entre les seins… Soudainement elle se lève.

Le temps est à se quitter, pourtant ses lèvres continuent à remuer, à s’agiter tout en se rapprochant de mon visage. Des lèvres fines au dessin minutieux luisent d’un brillant peint au pinceau. Le désirable arrondi de sa lèvre inférieure se tend dangereusement vers moi pour m’embrasser, véritable invitation à y déposer mon empreinte. Je me reprends au dernier moment et la bise sur la joue. Elle me lance un dernier sourire, avenant, rayonnant, transcendant.

Ca y est, c’est fini, elle est partie. Je reste là, assis à la table, abasourdi. Un indescriptible parfum de bonheur embaume la salle. Cette fille est féerique. Je ne sais qui elle est, je n’ai pas écouté le moindre de ses mots. A bientôt M. Raspankov, m’a-t-elle glissé. Oui, à bientôt mademoiselle… Mademoiselle… ? Mon pied bute sur quelque chose. Je regarde sous la table et saisis un bracelet en lanières de cuir tressées orné de quelques perles violettes transparentes. Sur la petite plaque son prénom est gravé. A très bientôt Mademoiselle Vassilia. J’enfouis mon trophée dans la poche de mon pantalon.

*

J’observe l’écuelle qui gît au milieu de la pièce. Il s’en échappe un fumet peu ragoûtant. Allait-on toujours me servir cette infâme pâtée ? Je les soupçonne d’y adjoindre, à mon insu, quelques médicaments anesthésiants. Je souris béatement, ils ne peuvent rien contre moi, je suis déjà loin, oh oui, bien trop loin… Soudainement une idée me traverse l’esprit à la vitesse d’une comète. Frénétiquement je fouille dans la poche de mon pantalon. J’en extrais une gourmette. Je lis avidement le prénom inscrit.

De dépit, je shoote violemment dans la gamelle. Puis me laisse choir lentement sur les fesses contre le mur. La gamelle a explosé contre le mur. De longs filets de nourriture gluante dégoulinent le long du mur. Je pense à ce moment là que ma cervelle doit être à peu près dans le même état. Ma main se crispe sur la gourmette de Vass comme dans un dernier soupir.

*

Je reçois peu de visites, probablement la conséquence de mon acte sur l’infirmière, elles sont essentiellement hygiéniques. Sous bonne escorte, je suis accompagné pour me faire toiletter. Nous parcourons alors de longs et larges couloirs qui s’entrecoupent avec d’autres longs et larges couloirs ; nous prenons un ascenseur qui monte, puis un autre qui descend ; nous franchissons plusieurs halls d’affilé, puis nous gravissons les quelques marches en colimaçon d’un escalier. Je n’ai aucune notion du temps que prend ce trajet, ni de la distance parcourue et, bien que l’empruntant très souvent, je suis bien incapable de me repérer, tant le réseau de couloirs est complexe et revêt souvent des allures de labyrinthe.

(A suivre...)

Jack Monster, © 2008, tous droits réservés.

 

Commentaires

  • tiens tiens tiens ... serait-ce la suite d'une histoire qui croit débuter dans une station service ? héhé ! en tout cas j'attends la suite hihi ! bizbiz

  • Peu à peu la lumière traverse le fouillis de mes pensées pour retrouver le fil.
    J'ai beaucoup aimé la poésie certaine de la première partie, la description d'elle.
    Amitié
    Thierry

  • ouh bé alors...cela prend de l'ampleur...j'adore ...A lundi donc

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